Lettre de Chrétien Guillaume Lamoignon de Malesherbes à Jean-François Séguier, 1772-01-15

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15 janvier 1772

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CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes




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Chrétien Guillaume Lamoignon de Malesherbes et al., « Lettre de Chrétien Guillaume Lamoignon de Malesherbes à Jean-François Séguier, 1772-01-15 », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.6a75wyl1


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[transcription] A Malesherbes ce 15 janvier 1772 Je commencerai, Monsieur, par vous faire mes remerciements de la marque de votre souvenir que je reçois et par vous assurer de la sincérité de tous mes voeux. Mais comme je crois que vous n'aimez pas les compliments, je vais passer promptement à la réponse que je vous dois sur des arbres. J'ai voulu avant de vous la faire examiner que ceux dont je peux vous offrir de la graine et malheureusement il y en a fort peu, car une partie de mes arres exotiques ne donnent point dans ce pays-ci de graine qui y murise. Une partie aussi sont des arbres de vos provinces que nous cultivons comme chose rare parcequ'ils le sont pour nous, en sorte qu'il ne me reste à vous donner que les graines des arbres d'Amérique. D'ailleurs, si j'avais été plutôt prévenu de vos désirs, j'aurais peut-être eu attention de ne pas laisser perdre une partie de ces graines qui me sont inutiles, mais qui ne vous l'auraent pas été et qu'il n'est plus temps de recueillir. Voici, après ces préliminaires, ce que je peux vous proposer et j'attends votre réponse pour ne vous en envoyer que ce qui vous convient et non ce que vous déjà en abondance. A Monsieur Séguier à Nîmes [fol. 80 v] 1° Le platrane d'Orient. 2° Le platane d'Occident Nota que je pourrais vous en envoyer de celui là en aussi grande abondance que vous voudrez mais cela deviendrait volumineux et je pense que vous en avez du plan dans votre pays. Ce plan reprend plus sûrement la grève ne lève. [Séguier: Ceux marqués // ainsi, sont ceux que j'ai demandés.] // 3° La catalpa // 4° Le fagara ou frêne épineux. // 5° Le micocoulier du levant, celtis orientalis, espèce rapportée du levant par Tournefort que vous connaissez sûrement mieux que moi et qui vient fort bien dans le pays que j'habite. // 6°. Un amélanchier du Canada. //7°. Un chamaecerasus dont je ne sais pas la phrase et que nous appellerons chamaecerasus couleur de rose en attendant que je sache son véritable nom. Je crois qu'il vient des Alpes, mais il est très différent du chamaecerasus alpina fructus duobus prunetis notato. // 8°. Le staphilodendron virginanium triphillum. 9°. L'espèce d'épine que les cultivateurs appellent l'épine pinchot. 10°. Celle qu'ils appellent épine à feuilles d'érable qui est à très petit fruit rouge. 11°. Un des noyers de Virginie, celui qui à la noix noire et longue. Il y en a aussi une autre dont la noix est noire et ronde que j'ai aussi dans mon jardin, mais qui n'a pas encore fructifié. Il y en a aussi de Canada des espèces qui ont la noix blanche et celles-là ont péri chez moi. Enfin, il y a la noix pacane dont je n'ai que des pieds très jeunes. [fol. 81 r] 12°. L'érable d'Amérique nommé par les cultivateurs érable à feuilles de frêne et par les botanistes acer trifidorel quinque fido folio. Dès que j'aurai votre réponse, je vous ferai l'envoi, mais je vous préviens qu'une partie de ces graines seront dans de la terre, parce qu'à mesure que je les ai recueillies, je les ai faites mêler avec de la terre pour les empêcher de se sécher et pour imiter jusqu'à un certain point le procédé de la nature. Ce mélange de terre rendra peut-être les graines peu reconnaissables. Mon usage est de fumer au printemps la graine avec la terre. Me permettrez-vous à présent, Monsieur, de vous faire une consultation de botanique. Nous connaissons dans le commerce le Rhamnus catharticus minor sous le nom de graine d'Avignon. Nous élevons aussi cet arbre ou arbuste dans nos jardins. J'ai même le projet de multiplier parce qu'il vient très bien dans mon terrain. Mais je n'ai jamais pu savoir ce qui concerne la récolte et la culture de cet arbre: des naturalistes qui ont passé par Avignon s'en sont aussi informés sans qu'on leur ait donné une réponse satisfaisante. En sorte que je ne sais si on cultive l'arbre pour sa graine ou si on cueille la graine dans les bis sur les arbres sauvages. Je ne sais pas non plus ou se fait cette récolte, si c'est près ou loin d'Avignon, si c'est dans le pays de [fol. 81 v] montagnes ou dans les vallées et il est assez bizarre qu'à Avignon, dont cette graine porte le nom, on ne trouve personne qui en sache rien. Je sais seulement que l'année que j'ai eu l'honneur de vous voir, j'étais descendu des Hautes Alpes dans le Comtat par Sisteron, Manosque, Apt et l'Isle et que dans le trajet, c'est-à-dire dans les Basses-Alpes ou dans la Haute Provence, j'ai trouvé une fois ce Rhamnus catharticus minor dans les fentes d'un rocher. J'ai présumé que le voisinage de Nîmes et d'Avignon vous mettrait peut-être à portée de résoudre ma question. Vous connaissez, Monsieur, tout l'attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être, Votre très humble et très obéissant serviteur. Malesherbes.

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