Lettre de Pierre Cusson à Jean-François Séguier, 1772-05-00

Résumé 0

"[transcription] [Annotation de Séguier en haut à droite : mai 1772] Mon cher maitre. Soyés sur du nom des plantes ombellifères. Quant aux autres, comme j’ay été fort vite et que je tire de mes cayers qui sont sans nom, voyés si par hasard je me serois trompé. Je lus hier dans la gazette de Monaco que l’académie royale des inscriptions et belles lettres vous avoit accordé une place d’académicien. Je vous en fais mon compliment. Il est difficile de décider qui a le plus d’honneur en son fait, vous qui récusés cette place ou l’académie qui jette les yeux sur vous. J’ay enfin trouvé un digne homme qui veut se charger de votre Miller et de votre paquet de Mr Allioni, et de quelques ombellifères et autres que je vous envoye. Je n’ay pas eu trop de temps à fouiller mes portefeuilles qui sont très en désordre ainsy ce n’est qu’une partie de ce qui vous étoit destiné. Nous ferons mieux au prochain envoy où je joindrai tout ce que vous demandiés l’année passée. J’ay appris par un de vos messieurs que vous étiés malade lors de son départ de Nîmes. Je prends toutte la part possible à votre maladie dont j’ose me flatter que vous êtes quitte. On m’a dit bien du bien du logement que vous vous faittes faire. J’aurois vraysemblablement [fol. 191v] trouvé plutôt une commodité sans le temps indigne qu’il a fait jusqu’à hier. Je ne say si dans les livres que j’ay osé vous prier de me pretter, j’ay compris la flore orientale de Gronovius, Gouan n’a que celle de Virginie. Si j’ay oublié d’en faire mention, je vous prie de joindre cette flore orientale de Gronovius aux autres botanistes que je vous supplie de me pretter. Je ne manqueray à rien de ce que j’ay eu l’honneur de vous promettre pour cette année. Vous recevrés aujourd’hui Miller, votre paquet de Mr Allioni, des plantes séchées de ma part, une thèse sur la praclosténie [ ?], une sur le hoquet, une sur la phisconie, une sur la putréfaction. Je ne puis plus rien donner étant aux dernières pièces d’une douzaine d’autres que j’ay revues, corrigées et conduites. J’ay une notte à faire sur les plantes que vous m’avés envoyées. Il y a une feuille radicale marquée chés vous seseli montanum […] folio glabrum C.B. J’ay mis en doutte si ce n’était point le selinum palustre, et sur un échantillon qui a des feuilles analogues, une ombelle à fleurs blanches un peu rougeatres et des involucelles longs et bien apparents. Je crois avoir mis selinum plaustre L ? ou peut être ligusticum austriacum L ? La feuille de cet échantillon est le ligusticum austriacum L ? Ce qui m’a trompé, c’est une plante du Jardin du Roy que Mr Gouan a vu fleurir et dont il a un bel échantillon et les graines dans son herbier. Elle avoit été toujours appelée selinum [fol. 192] silvestre L. Supposons laditte plante un selinum, et ne croyant que Gouan qui avait vu fleurs et fruit se fut trompé sur le genre, je vis par le glabre de la plante que ce devait être le selinum palustre L. Dans cette erreur, vos deux plantes ressemblant en entier aux radicales de cette plante du Jardin du Roy que j’avois et à l’échantillon de Mr Gouan, j’ay dû doutter si votre feuille radicale et votre échantillon ne seroient point le selinum palustre plutôt que le ligusticum austriacum L. J’avois emporté de l’échantillon de Gouan 3 graines presque mûres. Il y a 3 jours que les ayant mises un moment dans l’eau, j’ay vu net que c’étoit le fruit d’un ligusticum et non d’un selinum qui est manifestement différent du ligusticum et j’ay vu que Gouan s’étoit trompé et moy avec luy. Mr Pancin vient de m’envoyer 7 à 8 ombelles reçues de Grenoble qui luy ont paru douteuses. Il y a un bel échantillon ex horto du ligusticum austriacum L . avec radicales, fleur et fruit, presque mûr. C’est exactement notre plante du jardin du Roy, les votres et celle de Gouan. J’ay dans un vase le ligusticum austriacum venu des semences de l’année passée qui se montre déjà en radicales comme notre prétendu selinum silvestre ou palustre. Aussy j’ay déjà fait déplacer notre ancien selinum susdit pour le mettre en rang avec les ligusticum. J’ay l’honneur d’être avec l’estime et l’attachement possibles Mon cher maitre Votre très humble et très obéissant serviteur. Cusson méd. [fol. 192 v] A Monsieur Monsieur Séguier A Nimes"