Lettre de Antoine Gouan à Jean-François Séguier, 1770-03-10

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Date

10 mars 1770

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CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes


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Botanique


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Antoine Gouan et al., « Lettre de Antoine Gouan à Jean-François Séguier, 1770-03-10 », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.7c7dwd1k


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[fol. 146] J’avais projeté, mon cher ami, de partir demain avec M. de Bériac pour venir vous surprendre et confronter sur votre herbier beaucoup de plantes que j’ai dans le mien, et sur lesquelles il me reste des doutes, mais des bacheliers en foule pour ce triomphe de février m’empêchèrent de pouvoir m’écarter sans m’exposer à perdre des sommes assez considérables. En conséquence, voici mon projet avorté, mon voyage renvoyé à un temps plus opportun. Permettez-moi de vous offrir quelques graines que j’ai reçu depuis peu. Vous y trouverez entre autres un Thlaspi intitulé Montanum mais qui me paraît bien différent de ceux de Linné. Quand il fleurira, vous observerez des fleurs plus petites quand dans le Thlaspi montanum Linnaei sive globulariae folio 2° des étamines éminentes en dehors de la fleur et des antheres purpurines. Serai-ce le thlaspi alpestre du même auteur ? Je joins à ces graines le paquet que l’abbé Rosier m’a envoyé de Lyon pour vous. M. Bériac vous remettra encore un cahier de quelques plantes sèches avec une petite instruction de chacune. J’ai écrit au bas du billet celles qu’il faut me renvoyer ou celles que vous pourrez garder suivant vos besoins, mais j’exige de vous une réponse aux doutes des plantes obscures. Si dans le séjour de M. de Bériac vous pouvez répondre aux questions suivantes vous me ferez bien plaisir et vous le pouvez facilement parce que vous avez Hudson flora anglica. 1° Lolium album diversum a lolio perenni ? [Lolium temulentum Lin.] 2° Lolium bromoides. [quod Lolium rubeum] 3° Agrostis palustris an eadem cum stolonifera ? [L’Agrostis palustris d’Hudson paraît être l’Agrostis alba Lin. et l’Agrostis stolonifera en est différent.] 4° Poa sylvatica nonne ou est-ce Poa nemoralis aut ipsius varietas ? 5. Agrostis sylvatica diveras et Agr. capillari. [C’est l’Agrostis arundinacea Linn.] 6. A quelle espèce linnéenne rapportez-vous la plante de Boerhave appellée Hesperis annua enigma flore minimo flavo pallido. [Dans quel livre ?] Est-ce l’Erysimum repandum Linnaei ? 7. Hordeum pratense. 8. Hordeum sylvaticum. [fol. 146v] Je vous prie donc de me donner les synonymes (et surtout les linnénns) qui sont rapportés à chacune des plantes ci-dessus mentionnées. Si pour quelques jours vous pourriez vous passer de Plukenet (les estampes) et de l’Hermanni paradisas, afin que je compare mes plantes. Je vous en aurai une obligation infinie. M. l’évêque d’Agde m’attend aux fêtes de Pacques et j’ai promis d’y passer au moins une quinzaine de jours pour parcourir cette côte. M. de Beriac Me dit que vous devez y aller dans ce même temps. Il faudrait donc s’arranger pour être ici le lundi ou le mardi de Pâques et nous partirons ensemble le mercredi. Si vous ne devez pas faire ce voyage, vous aurez la bonté de me donner l’extrait de vos observations faites à Agde, afin que je n’aille pas à tâtons, errant et vagabond sur la plage. Je crois que ce sera un bien bon moment pour la botanique que ce temps auquel j’y arriverai. Ne vous ai-je pas dit que la plante synsenese était la Matricaria camomilla. La petite Hesperis à fleur purpurine prise aussi à Agde est le Cheiranthus lacerus Linnaei, comme il me le marque dans une de ses lettres. Le Pastinaca de Mahon qui à l’odeur du Ruta sylvestris et qui par incision donne de la gomme est très bien la Pastinaca lucida Linnaei Sist. Nat. Mantis. Quoi que celui-ci la décrive foliis simplicibus cordatis. J’ai remarqué que Linnae élevant des plantes dans le nord ne les voit jamais dans leur état naturel et par conséquent les décrit imparfaitement, car ce Pastinaca lucida porte des feuilles (d’abord) simples puis à 3 feuillets, puis à 5 feuillets et enfin d’autres petites feuilles en coin. Proche les fleurs vous en trouverez les graines dans le paquet et vous m’instruirez de vos recherches sur toutes les autres plantes que mes graines vous auront procurées. J’ai déjà multiplié cette Pastinaca dans nos environs. Pardon, mon cher ami, de la peine que vont vous donner mes plantes. Je suis pour la vie, votre très humble serviteur. Gouan Montpellier 10 mars 1770. Cité : Hermann, Paul, Paradisus batavus, innumeris exoticis curiosis herbis et rarioribus plantis, Leyde, 1698.

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