Lettre de Pierre-Joseph Amoreux à Jean-François Séguier, 1778-02-16

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Date

16 février 1778

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CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes


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[fol. 105] A Montpellier ce 16 février 1778. Monsieur, Je suis honteux que vous ayez pris tant de peine pour moi à l’occasion de l’énumération des vignes et des oliviers qu’on cultive à Nîmes. J’aurais cru d’abord que cela se trouverait dans vos papiers et parmi vos recherches botaniques, tout comme je croyais que M. Baux avait cette liste toute faite. Avec vos indispositions, il fallait ne point faire d’autres recherches et certainement je vous en aurai eu la même obligation. Je trouve que vous n’avez pas beaucoup d’espèce de vignes. Vous êtes mieux à proportion en oliviers, néanmoins il est sept espèces de vignes que je ne connais point, du moins sous ce nom et que je serais bien aise d’avoir s’il en était temps encore. Telles sont : l’espar, le guien, la marmesie, le galet, le faune ou qualitor noir, le columban et le turquès. Huit ou dix bons ceps de chacune me suffiraient. Veuillez bien pour couronner l’oeuvre de donner la commission au vigneron à qui vous vous êtes d’abord adressé, en lui payant ce qu’il conviendra et lui recommander de séparer chaque gerbe avec leur nom, ensuite faire un fagot du tout entouré de pailles et seigle qu’on laissera tremper par le gros bout à un pan dans l’eau jusqu’au moment qu’il naîtra une occasion pour les envoyer. [fol. 105v] Quant à l’espèce particulière qui est chez M. Baux, je la connais, mais je ne l’ai pas. C’est le cioutat ou raison d’Autriche qui a la feuille exactement découpée. Je crois du moins que c’est cela d’une façon ou d’une autre. Je serais curieux d’en obtenir 8 ou dix plans s’il n’y a pas de difficultés à cela. Sans préjudice de la liste que vous a promis M. Granier le médecin que j’ai l’honneur de connaître, il pourrait s’y trouver d’autres espèces ou plus de détails, mais si vos douleurs rhumatismales se font ressentir encore, renvoyez toutes ces commissions aux calendes grecques et ne songez qu’à votre conservation, car ce sera également vos amis qui ont tous à se louer de vos manières obligeantes. Les douleurs qui vous font tant souffrir sont un mal opiniâtre comme l’éprouvent malheureusement tous ceux qui en sont atteints, mais il ne faut point pour cela rejeter tout remède ou du moins un certain régime qui devient absolument nécessaire. Le laitage est la meilleure ressource quand on peut le supporter, coupé avec l’yvette, la mauve […] Il a fait souvent merveille. Le lait pur est souverain remède. Mon père a assoupi par un long usage de cet aliment des rhumatismes cruels qui l’ont affligé autrefois à le rendre paralysé de tous les membres. Il n’a ressenti depuis 7 longues années que quelques lumbagos et douleurs aux pieds qui reviennent une ou deux fois l’an et qui ne retardent pas à se dissiper en reprenant le lait. Je vous donne mal à propos des conseils, les médecins veulent [fol. 105 bis] toujours parler médecine, lors même qu’on ne les y invite pas, mais à votre âge, avec vos lumières et celles des médecins qui vous entourent, il est à présumer que vous suivez le meilleur plan possible pour pallier vos incommodités. Il est pourtant un point que vos médecins doivent obtenir difficilement de vous et duquel vous ne vous fiez pas assez vous-même, c’est votre assiduité au travail qui doit vous porter un préjudice notable. La contention d’esprit achève d’affaiblir le corps. Ayant pris des nouvelles informations sur la société d’agriculture qui veut s’ériger à Montpellier, on m’a dit que cela était réel. On m’a nommé M. Broussonnet le père et M. Mourgues comme occupés de cet objet. Si j’en apprends davantage, je vous en écrirai. La société des sciences est enfin déterminée tout de bon à faire paraître son second volume et les suivant successivement après bien des projets, des plans, des discussions, voici le parti arrêté et signé jeudi dernier. Le sieur Martel imprimeur de cette ville s’engage à faire sortir de ses presses avant les états prochains le 2nd volume d’environ cent pages, de même format et caractère que le premier, imprimé à Lyon chez Duplain, sous condition que la société lui en prendra cent volumes brochés qu’elle lui payera cent pistoles et le reste est à son péril et fortune, de manière que chaque académicien recevra son volume en payant 10 livres pour sa part à la société et le reste des cent volumes sera débité au profit de la société, mais j’entrevois déjà qu’il en coûtera rien ni à l’académie ni aux académiciens, le bon vent nous est favorable et je crois qu’il nous amènera à bon port. Je vous embrasse mon cher maître et suis toujours le plus affectionné de vos serviteurs. Amoreux fils méd. [fol. 105 bisv] A Monsieur M. Séguier Secrétaire perpétuel de l’Académie A Nîmes Personnes citées Jacques-Augustin Mourgue de Montredon, médecin membre de l’académie des sciences (1734-1818)

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