Lettre de Pierre Cusson à Jean-François Séguier, 1776-11-27

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Date

27 novembre 1776

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CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes


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botanique

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honestum

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Pierre Cusson et al., « Lettre de Pierre Cusson à Jean-François Séguier, 1776-11-27 », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.c96b5zbo


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[transcription] Montpellier le 27 novembre 1776 Mon cher maître Grand mercy, vous m’avés peint comme un paresseux fiefait. Si j’osois vous dire que sans être le plus laborieux des hommes, je suis pourtant dans la classe de ceux qui méritent le nom de travailleurs. Vous me dirés où cela parait-il, dans mes manuscrits, chez mes malades. Voicy ma vie ; je me couche tard, il faut me corriger, je viens d’avoir pendant 6 semaines une érésypèle goutteuse sur le nez et sur la face dont je porteray les marques tout cet hiver. Je me lève à l’heure ordinaire toujours de manière à être dehors à huit heures en hiver et un peu plus tôt en été. Or excepté les jours où je fais de la chymie du goût et de l’odorat après mon diner, je passe tout le temps que me laisse libre la pratique à étudier, à extraire, à travailler et cela dès que je rentre dans la maison. Je ne sais si l’on peut faire mieux et il est vray que je suis difficile et que je ne vais pas vitte pour cette raison. Mon cher maître, je suis distrait par plus d’une chose dans tout ce que j’entreprens. Vous me jugés par les ombellifères, mais outre que c’est ma partie de développement et que [fol. 164v] je n’y travaille que quand rien ne presse en médecine intérieurement et extérieurement. Vous savés les lenteurs des correspondans, les envois peu intelligens qu’ils vous font ; (si l’échantillon est en fleur, il n y a pas de graine et vice versa, ou ils se contentent d’envoyer un rudiment de fruit sur l’échantillon et alors on n’a ni fruit ni pétales), les demandes répétées qu’il faut faire pour obtenir une fois, les demandes qui sont sans effet. J’écris au diable, les réponses tardent et il se passe un temps considérable. Il y a plus de six ans que je demande les 2 selinum palustre et sylvestre ; je viens de les recevoir il y a 2 mois, et une semaine que je viens d’en recevoir un peu de graine. Par exemple je ne puis point obtenir depuis 8 ans des graines avancées, même de l’herbier du smyrnium aureum et cependant je l’ay demandé de l’est à l’ouest et du sud au nord. Il faut voir pour bien faire et bien dire et il faut bien voir et comme je suis difficile je ne puis pas me déterminer à donner au public ce que je n’ay pas bien vu ; alors je tourne, retourne, demande et redemande même pour une plante des années entières. Chose singulière, j’acquiers tous les jours du nouveau et ne puis pas obtenir tout le connu ; cela me désespère : je n’ay par exemple qu’une feuille du bubon gummiferum et j’en ay vu les graines : j’ay écrit en Hollande, en Angleterre, en Suède, à Paris, en Italie, à me lasser, point de nouvelles. J’ai reçu une semence de Mr [fol.165] Marsigli qui sûrement est celle du bubon rigidius, quoiqu’il me l’aye envoyée sous un autre nom de vous à moy. Barbe de paille ; il y en a un an passé que je demande et fais demander ; en vain, que vous diray-je de l’herbier de Tournefort, il y a 2 ans qu’il m’est promis par Mr de Buffon ; je n’ay cessé de le demander ; on m’a envoyé un peu de celuy de Vaillant (ombellifères). Mr Daubanton s’est mis depuis an à la traverse et je me consumme pour le forcer ; Vandelli, Ordega ne m’envoyent pas deux petits eryngium dont j’ay besoin pour porter le nombre des miens à 18 à 19 espèces distinctes. Néant, je parle depuis plusieurs années, actuellement grondés moy si vous l’osés ; j’ay à gronder toute la terre. Excepté vous et quelques amis zélés ; et plus d’une fois je me suis repenti d’avoir entrepris la chose par l’humeur que j’ay eu plus d’une fois. Vous verrés mon livre, il finit sûrement incessamment. Je me partageray dans mes momens vuides de médecine entre les ombellifères et l’allemand, où je commence à entendre ; je traduis actuellement le brillant Casimir Medicus de Manheim : je vous prie de me faire voir le jugement qu’a fait Mr Ludwig (Comentarii de Leipsic) de cet autheur dans les volumes qui en parlent ; ils nous manquent parce qu’on a rien fait venir depuis la mort de Mr de Sauvages ; il s’agit de 2 volumes imprimés en 1764 et 1766 sous le titre de Sammlung von beobachtungen etc et un autre ouvrage en 2 ou 3 volumes sur les maladies périodiques qui ne m’est pas encore arrivé et dont j’ignore le titre et la datte de l’impression. Je souhaite voir les parties du commentaire de Ludwig qui donne l’extrait de ces ouvrages ; prettés les moy ; je les remettray tout de suite à Mr Amoreux. [fol. 165] Si parmi vos livres allemans, vous aviés un dictionnaire de médecine, il me serait bien utile de l’avoir pour peu de temps, car le meilleur des dictionnaires et le plus récent me laisse quelque fois à plat. Soyés tranquille sur vos plantes ; vous aurés une ombelle du bubon galbanum, je crois en avoir deux. Vous aurés de mes thèses ; j’en ay fait 2 cette année. J’imprimeray peut être bientôt un petit ouvrage médicochirurgical qui est sur le chantier aussy. Si votre eryngium est l’alpinum, il a les feuilles radicales simples lobées et il est presque glabre ; il l’est pourtant moins dans le jardin. Je l’ay enfin de Mr Delachenal. Je vous supplie de me faire pour un ami qui va parcourir la Sicile et Malthe, de me faire, dis-je, un catalogue très complet des plantes qui y ont été observées par vos divers autheurs et mettés y le lieu natal tant que vous le trouverés indiqué, et même les noms que la plante a dans ces deux îles tant que vous les connaitrés, soit qu’il soit français, italien, patois, etc. Mille pardons de cette peine ; elle vous produira, c’est ma condition avec le pérégrinateur qui reviendra icy après sa course. Croyés que rien ne peut altérer l’affection et l’estime que je vous porte ; de l’indulgence pour vos amis, je me trompe, il me faut un excès d’indulgence vis-à-vis de vous ; car je ne dois rien au public. J’ay l’honneur d’être avec les sentimens que vous connaissés, mon cher maître, V.t.h. et t.o.sr. Cusson méd. [fol. 163v] A Monsieur Monsieur Séguier A Nimes

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