Lettre de Antoine Gouan à Jean-François Séguier, 1761-09-04

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4 septembre 1761

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CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes


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Botanique


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Antoine Gouan et al., « Lettre de Antoine Gouan à Jean-François Séguier, 1761-09-04 », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.e5a94f0j


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Résumé 0

[fol. 20] A Montpellier le 4 septembre 1761 Me croyez-vous, Monsieur, assez ennemi de moi-même pour m’opposer à mon propre avantage ? Votre critique est trop saine et trop profitable pour qu’elle puisse me choquer. En m’y exposant souvent, je tacherai de vous faire connaître combien je la crois avatageuse pour moi. Il faut se défier de ses propres forces et l’un voit mieux ce qu’un autre n’aura pas observé ou en total, ou aussi exactement. C’est en discutant les faits que l’on s’approche du vrai. Voici donc ma réponse à votre première lettre et à votre premier envoi. Je doute comme vous que la petite plante soit l’hioferis minima. J’examinerai soigneusement la fructification et je ne vis pas la moindre attache caractéristique de l’hioferis ; à l’an prochain, 2° Nous convenons aussi que l’alppecurus est une espèce très distincte et qui n’est pas le Linnaeus, ni même le Monspeliensis. Chaleus est Chalepensis. Celui que vous m’avez envoyé est Muticus (variété) et je vous enverrai le véritable Flosculis aristalis. Je suis charmé de vous avoir donné un Brisa que vous ne connaissez pas. Vous aviez mon Avena brumoides, mais vous ne me dites pas si vous approuvez sa dénomination. Le Stipa est bien, celui de Scheuzer (sic.) stab. 3 fig. II. Se rapporte-t-elle au Stipa avenacea Linn. Je crois vous avoir donné la Sida cordifolia et le Malva coromandeliana. Ilpeut se faire que par mégarde, j’ai mis à l’un l’étiquette de l’autre, mais voici le correctif : le Sida a des feuilles en cœur, grisatres, veloutées et le calice simple. Le Malva les a toutes différentes et le calice duplex, esterior foliolis 3 linearibus. Voici le synonyme de Barrelier, Leucojum minus flore violaceo, Barr. Ic. 1127, Hesperis maritima supina exigua. Inst. 223 et inconnu à notre ami Suédois.L’hermannia est effectivement celui de Tournefort, mais elle est aussi celle de Linnaeus, à la vérité mal nommé Hyssopofolia. Le Malva capensis est bien lui, au surplus il ne faut pas croire que les graveurs soient botanistes et par conséquent qu’ils ne puissent omettre les caractères principaux qui constituent les espèces. J’ajoute peu de foi aux mots perennea et annuum, parceque chez nous plusieurs plantes nouvelles, qui passent les 3 hivers, nous avons un solanum Banariense à fleurs bleues tirant sur le violet, sans piquants, qui est le même que le vôtre. M. Sauvages prétenb que celui que je vous ai envoyé est le Solanum bahaunense. Je le crois cependant une variété de Bonariense bleu et un professeur de Copenhague m’a dernièrement assuré que c’était effectivement une variété à fleur blanche. Vous avez à la fin des chaleurs de septembre, l’Aloe mitre, l’Euphorbia antiquorum et le Rumen lunaria, auxquels je joindrai les geraniums etrangers, acetosum, Zouale vitifolium papilionaceum et inquinans, espèces rares. Il est inutile de vous répéter la liste de nos plantes grasses. Vous nous obligerez, si vous nous envoyez toutes celles que vous avez et qui ne s’y trouvent pas. M. de Sauvages a démontré pendant longtemps une plante [fol. 20v] sous le nom d’atropa physalodes, qui est un Atropa incoonu à Linnaeus et l’Atropa physoloides de Linnaeus. Il le donnait pour le Physalis angulata, mais je lui ai fait voir les différences génériques de l’une et de l’autre. Je vous les enverrai toutes les deux. L’Yucca gloriosa a donné cette année beaucoup de graines, vous les aurez, ou un jeune plan, le tout à votre choix, tout comme celles du Teucrium Virginicum, avec les notes que j’ai sur ce genre. Nous n’avons pas l’Asclepias Syriaca, mais à sa place je vous donnerai les graines de la l’Aprocynum androsemifolium que j’ai reçu depuis peu, avec celles de l’Asclepias fructiosa et son échantillon. Vous aurez aussi unjeune plan du Gledistia que bous avons tiré de boutures. Vous savez qu’il est polygame dioïque. Chez nous tout avorte. Le Gossyprium arboreum ne graine ni ne fleurit, vous en aurez les feuilles. Je partagerai avec plaisir vos graines de Mahon. J’avais le Carduus montis lupi et même la variété que vous m’avez donnée qui est toute épineuse. L’Othonna et l’Amorpha fleurissent ici pendnat 6 mois, mais je vous suis redevable du Senecio et Malpighi. Le Schinus molle, de Linnaeus, ou piperadendron, est très beau chez nous et fleurit tous les ans. Mes plantes étrangères vous ont-elles fait quelque plaisir ? Cela seul peut m’engager à continuer mes envois mais il faut m’en avertir, car sans cela je serai rebuté, craignant de vous envoyer ce que vous auriez déjà. Réponse à la 2nde lettre et à son envoi. Si tous les auteurs s’étaient rebutés aux moindres difficultés, nous sezrions encore très avancés. Je me suis principalement attaché aux classes difficiles et plus elles sont scabreuses et moins il me paraît que l’on doive se ménager. Voici mes reflexions sur les gramens que je tiens de vous. Je les avais tous excepeté l’Oryza sativa, la variété du Melica nutans et du Ciliata. Je vous enverrai les véritables, avec d’autres variétés de quelques gramens. Voici ceux des vôtres sur lesquels j’ai cru devoir vous donner les éclaircissements demandés. 1°. Aegylops Monspeliensis ou Narbonensis. Lobel. Aegilops ovata. Celui que vous m’avez envoyé est le Junialis. 2°. Gramen Dactylon orientale majus frumentaceum femine napi. Pluk. m’a paru non pas un Andropogon mais le Cynosurus aegyptius. Linn. Je ne les ai pas vu frais, pour savoir s’il est un hermaphrodyte ou polygame, mais je compte le semer l’an prochain et m’en assure par moi-même. [Non] 3°. Gramen typhoides spica tenuis. longa., staminibus albis. Ponted. est l’Alopecurus Pratensis. Linn. 4°. Gramen minimum Monspelienses. J.-B. 464 est le Poa rigida. Linn. Centur. 8. Si vous avez les centuries, vous pouvez vous en assurer. 5°. Phleum alpinum n’est pas un phleum parceque Phleum calyx flores, nunc ronatus, et trincatus, valvulis carinatis. C’est le Panicum spica Molliori des auteurs ou le Thyphoides molle de B. Pin. Celui dont il est ici question n’étant pas un Phleum n’est pas non plus un Panicum, parceque Panicum calyx 3 valvis, valvula unica inferiore minore, duabus interoribus majoribus aequalibus. Ce gramen n’a pas été nommé dans Linnaeus. Nous l’examinâmes avec ce professeru de Danemark, son élève et nous crûmes que c’était un nouveau Cynosurus. Je me chargeai de l’envoyer à Linnaeus, parcequ’il allait en Arabie où il devait rester quelques années. 6°. Votre Gramen loliaceum ferolinum est le Festiva serotina panicula patente spiculis 4 floris subaristalis assurgente tecta foliis brevibus patentibus. Linn. Nat. Sistema. [fol. 21] Gramen typlinum asperum alteram B. Theat. 52 Pin. Nodosum spica parva. prodr. et Pin. 62 n’est pas dans le Species Plantarum. Je le donnais il y a deux ans à Linnaeus, sous le nom de Phleum Bulbosum. Il l’a inséré sous ce nom dans le nouveau Sistema en 3 vol. 7°. Gramen tomentosum spicatum Creticum. Tour. 39 m’a bien l’air de n’être pas lui. Comment se fier à une dénomination pareille. Je ne l’ai jamais vu frais. Les étudiants me l’ont souvent apporté de la mer. Je l’ai toujours cru un Arundo de Linnaeus et sûrement il en est un et peut être le Gramen arundinaceum ramosum plumosum album. Bot. Mons. 117. B. Pin et Prodr. pag. 14. Si vous le pouvez examiner frais, vous vous en convaincrez, mais prenez toujours pour principe qu’il est un Arundo de Linnaeus. 8°. Gramen intitulé (à Saint-Ambroix) m’a par l’Agrostis alba Linn. Gramen Alpinum latif. panic. Laxo foliacea. Scheuchzer tab. IV. fig. 14. 9°. Gramen Alpinum latif. panicul. heteroinal. Scheuz. 278. Je le doute le Festuca Rubra. Linn. Était-il panicula secunda ? Si vous l’avez cueilli, vous saurez bientôt si c’est lui. [Non recte] 10°. Gram. parvum panicul. Alpinum. Scheuz. 140. Je trouvai ce beau gramen l’an passé au mont Saint-Loup et je vous avouerai que l’admirai. Je crus que Linnaeus l’aurait nommé, mais je vis Ensuite qu’il ne l’avait pas connu. Voici le nom que je lui donnais dès ce moment-là Agroflis ventricosa panicula spicata calycibus ventricosis. Cacartère singulier à cette plante que d’avoir le calyce enflé à la base, c’est-à-dire étranglé en son milieu et ensuite diminuant en pointe. 11°. Gramen (intitulé le Saint-Jean Valeriscle) c’est un Agroflis calycibus muticif, mais il faudrait le voir frais et en bon état pour savoir si Linnaeus l’a connu. 12°. Melica nutrans (est une variété) que j’ai appellé speculis alterius pedunculabis solitaris, caliceo simplici. Je vous enverrai la véritable Nutans et Ciliata, dont vous m’avez envoyé des variétés et non le véritable. Le nom des auteurs du Melica ciliota variété est Graun à Reval. Lagun[inosum] Glumis Rarioribus Bot. Mons. 122. Pin. 13°. Sans nom. Ipsa angustifolia. Je vous le renverrai. 14°. San nom. Poa triocalis. 15°. Avena pratensis, n’est pas elle. C’est l’Avena elatior de laquelle je conserverai une variété. Je vous donnerai aussi l’AvenaPratensis véritable qui est assurémemnt la plus belle, avec le fragilis Linn. 16°. Leontodon B. constitue une espèce différente appellée Hirtum qui ne diffère de l’autre, dite hispidum que par le pistil rigidis simplicibus. Linn. Sit. Nat. 17. Gramen. Scheuzer 41. Barr ? icon. 117 n° 1. est un Nardus que j’appelle spiculis alternis sessitibus cumo appressis calyceum valvula unica aristato. 18. Gramen sestuceum myurum mia. Spica heteromalla. Scheuzer. 294 tab. 6 fig. 12 ne paraît pas être elle, mais elle se rapproche au Gr. Scheuz. 293. Barr. Icon. 99 fig. 2. C’est un festuca [bien] Je révoque encore le Festuca duriuscula que je crois le Festuca rubra de Linnaeus. [fol. 21v] [Gouan 1761] Votre sentiment sur toutes les notes et vous me fairez plaisir de m’envoyer tous les gramens curieux, ou douteux ou inconnus, nous tacherons de les réduire à leur genre. Je vous enverrai donc dans peu, quelques graines. Vous me ferez le plaisir de me dire si mes notes contenues dans cette lettre vous ont satisfait. La classe des Gramens, des umbellifères et des fleurs radiées et fougères sont belles, mais épineuses. Vous avez le catalogue de mes umbelliferes. Vous savez donc ce que vous pouvez me donner qui ne se trouve pas dans la liste. Pour els Gramens, c’est une faveur, je ne suis jamais plus content que lorsque j’en ai quelques ou de nouveaux ou d’inconnus. C’est à mon avis une jolie botanique. Je en doute pas que vous n’en ayez beaucoup que Linnaeus n’a pas connu, aussi, Monsieur, je suis prêt à vous donner à ce sujet tous les éclaircissements qui dépendront de moi. Vous aurez la bonté tous ceux que vous croirez n’être pas du pays. Je suis très pauvre en Cyperus, Schaenus, Scirpeus, Juncus, Carex. Nous n’en avons presque point ici. J’ose vous prier de ne pas m’oubliez dans cette demande. Je suis avec tout l’attachement et toute la considération possible. Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur Gouan

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