Des lieux de savoir numériques aux espaces de savoir interconnectés ?

Résumé Fr En

Cet article explore la notion du territoire numérique à travers l’analyse de l’appropriation des lieux de savoir (désignant ici les bibliothèques, les musées et les archives numériques), le web et son cyberespace, dans le cadre du web de données. Nous examinons ainsi l’impact de l’approche qui perçoit le web comme le continuum des lieux, des territoires et des pratiques physiques des acteurs du savoir. Cet impact est perceptible à travers les configurations spatiales adoptées et les stratégies de médiation de ces institutions, dans la valorisation et la visibilité de leurs collections, leurs institutions, leurs contenus, leurs pratiques, leurs dispositifs et offres de service numériques. La transposition du lieu physique et ses pratiques sur un espace ouvert, en mutation permanente et dont l’architecture est fondée sur la donnée et les machines, n’est pas sans conséquences. En effet, les bibliothèques, les musées et archives omettent souvent d’admettre que le web est un espace distinct ayant sa propre géographie, ses pratiques, ses publics, ses règles, ses usages, mais aussi ses territoires parmi lesquels figurent les silos des lieux de savoir numériques (portails, bases de données, catalogues en ligne, sites web). L’émergence du web de données bouleverse cette approche. Il incite les lieux de savoir à repenser leur configuration spatiale, leur perception du savoir et sa médiation pour les utilisateurs du web à travers le décloisonnement de leurs silos, les ontologies, la mise en relation et l’enrichissement de leurs contenus pour les publics du web.

This article explores the notion of digital territory through the analysis of the appropriation by knowledge’s spaces mainly libraries, museums and digital archives of the web and its cyberspace as part of the web of data. As such, it sheds light on the impact of approaches that perceives the web as a continuum of places, territories and physical practices of these knowledge actors. Such an impact can be perceived through the spatial configurations and mediation strategies adopted by these institutions to enhance the value and visibility of their collections, institutions, contents, practices, devices as well as their digital service offers. The transposition of the physical place and its practices to an open space, in permanent mutation and whose architecture is based on data and machines is not without consequences. Indeed, libraries, museums and archives often fail to recognise that the web is a distinct space with its own geography, practices, audiences, rules, uses, but also its own territory, including the silos of digital knowledge places (portals, databases, online catalogues, websites). The emergence of the web of data is disrupting this approach. It encourages places of knowledge to rethink their spatial configuration, their perception of knowledge and its mediation for web users through the decompartmentalization of their silos, ontologies, and linking and enrichment of their content for web audiences.