Entre le griffon et le monstre marin, entre le kētos et le sēnmurv. Réflexions sur les créatures hybrides du chancel de Santa Maria Assunta d’Aquilée (ixe siècle)

Fiche du document

Date

13 juillet 2023

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Frontière-s

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2534-7535

Licences

CC BY-NC-SA 4.0 , info:eu-repo/semantics/openAccess



Citer ce document

Raphaël Demès, « Entre le griffon et le monstre marin, entre le kētos et le sēnmurv. Réflexions sur les créatures hybrides du chancel de Santa Maria Assunta d’Aquilée (ixe siècle) », Frontière-s, ID : 10.35562/frontieres.1589


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Le décor sculpté sur les plaques de chancel de la cathédrale Santa Maria Assunta d’Aquilée donne à voir un univers harmonieux qui canalise une matière en cours de transformation, à l’image de la spiritualisation du charnel par les sacrements. Les différents éléments qui composent cet univers sont liés les uns aux autres pour mieux mettre en lumière la cohérence de la Création. Dans cet espace construit, les frontières entre végétal, minéral, animal et ornemental se fondent et se confondent, tout comme la distinction entre animaux connus et imaginaires. Sur l’une des plaques du chancel, deux créatures empruntant des caractéristiques à des espèces animales terrestres, célestes et aquatiques s’abreuvent à l’Arbre-Fontaine de Vie, tirant un trait d’union entre ici-bas et au‑delà et apportant un espoir de salut. Affrontés, ils s’opposent pour faire obstacle au passage du fidèle, renforçant la fonction séparatrice du chancel, délimitant la frontière entre nef et chœur, entre les laïcs et les clercs. Présentés sur un support vertical face au fidèle, ces êtres composites participent au rapprochement de l’homme avec Dieu en l’invitant à faire corps avec le Christ par la communion, à s’en remettre, corps et âme, à l’Église. Faisant appel à l’ordre, la variété et la mesure, cet univers visuel rythmé invite à dépasser la frontière du visible, du sensible, du matériel, à se détacher de l’opposition ressemblance/dissemblance pour progresser vers l’invisible, l’intelligible et l’immatériel.

The sculpted decoration on the chancel slabs of the church of Santa Maria Assunta in Aquileia depicts a harmonious universe that channels matter in the process of transformation, like the spiritualization of the caro through the sacraments. The various elements that make up this universe are linked together to emphasize the coherence of Creation. In this constructed space, the boundaries between plant, mineral, animal and ornamental dissolve and merge, as does the distinction between known and imaginary animals. On one of the chancel slabs, two creatures are depicted with characteristics of terrestrial, celestial and aquatic animal species. They drink from the Fountain-Tree of Life, making a link between here below and hereafter and bringing hope of salvation. Facing each other, they oppose each other to obstruct the passage of the faithful, reinforcing the separating function of the chancel, marking the frontier between the nave and the choir, between the laity and the clerics. Presented on a vertical support facing the faithful, these composite beings help to bring man closer to God, inviting him to be one with Christ through communion, to give himself, body and soul, to the Church. Based on order, diversity and moderation, this rhythmic pictorial universe invites us to go beyond the limits of the visible, the sensible, the material, to move away from the opposition of similarity/dissimilarity and to advance towards the invisible, the intelligible and the immaterial.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en