Dépasser la limite

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Si la frontière a fait l’objet de nombreuses pistes de recherche ces dernières années, la notion de limite semble propice à une réflexion méthodologique plus large et pluridisciplinaire. Fondamentalement ancrée dans le vocabulaire de la géographie, la limite est d’abord assimilée à une « ligne qui détermine une étendue » qui, par extension, la distingue d’une autre. En ce sens, parce qu’elle sépare un ici d’un ailleurs, le familier de l’étranger, la norme de la marge, elle est productrice de discontinuité spatiale, culturelle ou mentale. Elle fait et défait les identités en générant l’altérité. En parlant de limites, c’est d’abord la frontière séparant deux territoires qui vient à l’esprit : son inscription concrète dans le paysage (enceinte, muraille, bornes…) et les moyens de la franchir (ponts, portes, ports, routes), ainsi qu’à sa représentation dans les sociétés anciennes. Dans une acception davantage métaphorique, la limite peut être invisible, formant un seuil entre deux entités : profane/sacré, vivant/mort, privé/public. Enfin, la limite convoie une forte valeur épistémologique et réflexive qui doit attirer le chercheur sur le choix de ses propres catégories lexicales et conceptuelles pour étudier les sociétés antiques : où fixer la limite entre importation et imitation d’un vase céramique ? Entre deux périodes chronologiques ? Entre deux groupes ethniques ? Entre enfance et âge adulte ? Entre les genres ? Comment la transcrire en cartographie, et avec quelles conséquences ? Fixe ou dynamique, d’origine anthropique ou naturelle, la limite n’est en effet pas toujours réductible à une ligne, elle est aussi une interface dotée d’une certaine épaisseur.

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