19 décembre 2022
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Yves Vadé, « Sur la piste des dragons celtiques », IRIS, ID : 10.35562/iris.3080
Au-delà du dragon des contes, réduit à sa fonction d’adversaire, la plupart des dragons celtiques sont liés à un site, le plus souvent en rapport avec le régime des eaux : zones inondables, confluents, torrents (le Drac). Dans les versions christianisées, un saint, plutôt que de les exterminer, se charge de les reconduire à leur origine maritime ou souterraine.Les princes en usent différemment. Leur affrontement avec le dragon est un combat qualifiant qui leur permet de s’approprier la force du monstre. Représenté sur leur épée ou leur bouclier, voire intégré dans leur nom (Uther Pendragon), le dragon devient talisman. Des cités, des nations (le Pays de Galles) en font leur emblème.Dans le temps, les dragons sont liés aux quatre grandes fêtes calendaires celtiques. Le combat de deux dragons, ouroboros scindé, symbolise les deux saisons de l’année, alternativement sombre et claire. Dans l’espace, le dragon entretient des rapports privilégiés avec la notion de lieu central, ce qui renvoie au problème des omphaloi (Delphes) ou des Mediolanum gaulois.Au plan astronomique, la constellation du Dragon, où les Grecs voyaient la métamorphose du dragon (et de la rivière) Ladon, devient en breton Avank Du, « le Castor noir », permettant d’imaginer un castor monstrueux bloquant les eaux à l’image du Vrtra védique. Actif dans les trois fonctions, présent aux trois niveaux du monde en verticalité, le Dragon celtique rejoint ainsi ses congénères d’autres mythologies, attestant son origine immémoriale.