1 juillet 2024
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Mathieu Trachman et al., « L'emprise saisie par le droit pénal. Problématisation des violences conjugales et protection des victimes en France », Archined : l'archive ouverte de l'INED, ID : 10.3917/rsc.2402.0297
La notion d’emprise a été introduite à l’article 226-14 du Code pénal par la Loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020, qui autorise le médecin ou tout autre professionnel de santé à faire un signalement au procureur de la République en cas de danger immédiat ou d’incapacité de la victime à se protéger elle-même ; l’emprise justifie également l’interdiction de la médiation entre époux en cas de divorce. Cet article analyse la consécration juridique de cette notion, ses enjeux et ses impensés. À partir des textes psychologiques et psychanalytiques, il opère d’abord la généalogie d’une notion qui a pour intérêt de mieux rendre compte des manières dont les victimes vivent les violences et leurs effets, mais tend également à occulter les dimensions matérielles des situations de violences, ainsi que leurs liens avec les rapports de genre. L’analyse des textes et de débats parlementaires permet d’établir le risque de généraliser l’emprise à toute situation de violences conjugales, et de pointer les difficultés à qualifier juridiquement le phénomène. La notion d’emprise a pour intérêt d’être une grille de lecture compréhensive des comportements des victimes qui éclaire certaines stratégies des auteurs, en particulier pour les professionnels qui les accompagnent. Elle ne constitue pas pour autant une qualification juridique.