27 mai 2024
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1958-5772
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Laurent Coulibaly, « Enseignement bi-plurilingue au Mali : former et sensibiliser les enseignants de classes bilingues », Recherches en didactique des langues et des cultures, ID : 10.4000/11qae
Face au faible rendement de l’école classique monolingue héritée de l’époque coloniale avec le français comme seul médium et objet d’enseignement et d’apprentissage, le Mali s’est lancé, depuis le début des années 1980, dans une politique d’éducation bi-plurilingue articulant langues locales et langue française. De nombreuses recherches (Dabène, 1994 ; Cummins, 2001 ; Maurer, 2007, 2011a, 2013b, 2016, 2018 ; Vilpoux et Blanchet, 2015) s’accordent d’ailleurs sur les avantages pédagogiques d’un système éducatif bilingue, prenant en compte la langue première de l’apprenant, ou au moins une de ses langues premières. L’objectif de cette politique éducative bi-plurilingue est d’amener les apprenants à effectuer les premiers apprentissages dans une langue de leur environnement social et/ou familial (langue 1) de telle sorte que les apprentissages du et en français (langue 2) s’en trouvent facilités. Cependant, en dépit des résultats encourageants issus de différentes phases d’expérimentation qui ont montré un net avantage des écoles bilingues sur les écoles classiques monolingues (Nounta, 2015 ; ELAN-Afrique, 2016), l’éducation bilingue au Mali rencontre des obstacles qui freinent son développement. La question de la formation du personnel enseignant et de leur faible adhésion au bi-plurilinguisme scolaire constitue dans ce sens des obstacles majeurs.Cette contribution s’appuie sur une recherche doctorale menée de janvier à aout 2020 dans quatre écoles fondamentales bilingues de la ville de Bamako. L’enquête de terrain qui portait sur la question de la formation des enseignants à l’enseignement bi-plurilingue et leurs représentations sociolinguistiques confirme des attitudes de résistance chez les enseignants à l’enseignement des langues locales dans une situation sociolinguistique où les imaginaires linguistiques sont influencés par le marché linguistique (Calvet, 2002 ; 2017). De plus, la formation à l’enseignement bi-plurilingue étant absente de leur formation initiale, les enseignants sont animés d’un sentiment de manque de formation et évoquent des difficultés dans leurs pratiques de classes. A partir des données obtenues dans le cadre d’entretiens semi-directifs (Blanchet, 2012) avec des enseignants et des autorités éducatives, nous faisons une analyse de contenus (Blanchet et Gotman, 2015), rendant compte de l’état de formation et d’adhésion des enseignants, puis ferons des propositions d’amélioration.