19 juin 2024
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Jérémy Elmerich et al., « Être libre et sans roi ? Nationalisme et antimonarchisme au Québec et en Écosse », Recherches anglaises et nord-américaines, ID : 10.4000/11uzj
L’indépendantisme, comme quête politique d’un État-nation, s’accommode mal de l’existence d’un monarque en qui siège une telle souveraineté. La réalité écossaise avance cependant plus de nuances à ce chapitre. Le présent article propose une analyse des argumentaires anti-monarchistes lors des campagnes référendaires québécoises (de 1980 et 1995) et écossaise (de 2014), au prisme des fonctions associées à la monarchie comme symbole d’unité, comme incarnation d’une histoire nationale, comme gardienne de la démocratie libérale et d’une certaine égalité, d’un ordre moral et religieux redéfini comme ethos collectif pour convenir aux paramètres de la modernité. L’analyse démontre que l’intégralité des fonctions de la monarchie sont prises pour cible par les acteurs nationalistes. Cela est vrai de sa dimension symbolique, réduite à un simple gadget, mais aussi de sa position dans l’architecture institutionnelle, où son rôle de gardienne de l’unité sociale face à la division inhérente à la démocratie se retourne contre elle. Elle est alors décrite comme fondamentalement inégalitaire, responsable des injustices perpétrées contre les francophones au Canada. La monarchie fait toutefois l’objet d’un traitement très différencié dans les deux territoires, qui oscille entre une indifférence entendue pour le Québec, et une relation intime difficile à remettre en question pour l’Écosse.