26 juin 2024
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Éloïse Dumas, « Des œuvres en morceaux et des trous sur les murs. La difficulté d’écrire la vie des œuvres du Pérugin au XIXe siècle », Les Cahiers de l'École du Louvre, ID : 10.4000/11w6n
Parmi les milliers d’œuvres ramenées à Paris par les troupes napoléoniennes, on en compte vingt-six attribuées au Pérugin et presque toutes proviennent de Pérouse. La géographie des œuvres en est bouleversée. Une fois en France, les tableaux sont dispersés dans les musées de province et les commissaires des États italiens renoncent à les récupérer en 1816, se concentrant sur celles restées au Louvre. Celles provenant de Pérouse n’y reviendront jamais, elles sont gardées pour la nouvelle Pinacothèque vaticane. L’entrée au musée représente un tournant dans la vie des œuvres. C’est à partir de là que commence un travail d’appropriation matérielle, intellectuelle et affective. À Pérouse, leur absence laisse place au souvenir qui fige l’érudition et participe de la cristallisation de la conscience communale. Ce bouleversement dans la vie des objets marque profondément leur biographie, que les historiens rédigent tout au long du siècle, réunissant dans les livres les retables démembrés.