Une oraison mobile : itinéraire d’un Notre Père en « langue des Sauvages »

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4 juillet 2024

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Fabien Simon, « Une oraison mobile : itinéraire d’un Notre Père en « langue des Sauvages » », Histoire Épistémologie Langage, ID : 10.4000/11y0u


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Le texte de huit lignes apparaît dans le Thresor de l’histoire des langues de cest univers de Claude Duret (1613). Il est intitulé « Oraison dominicale en langue des Sauvages ». Nous souhaitons ici en suivre l’itinéraire, en amont – la prière étant prélevée, par l’humaniste de Moulins, dans la Cosmographie universelle d’André Thevet (1575) – et en aval de l’ouvrage de Duret, jusqu’au début du xixe siècle, avec le Mithridates d’Adelung et Vater (1806-1817). Le texte connaît, en effet, de multiples reprises, le Notre Père circulant d’un ouvrage à un autre, pendant près de deux siècles. Or, au cours de cet itinéraire, l’oraison se voit transformée d’une prière en tupi, langue amérindienne du Brésil, en oraison « en langue mexicaine ». L’enjeu de l’étude de ce quiproquo linguistique de longue durée est double : il s’agit, d’une part, d’y voir les effets concrets du copier-coller, y compris au sens propre, en jeu dans la fabrique des textes et donc dans la matérialité de ce savoir. D’autre part, tout circonscrit qu’il soit, le cas du Notre Père « en langue des Sauvages » permet de réfléchir, plus largement, aux formes de réception offertes aux langues américaines, entre xvie et xixe siècle : en quoi cette prière en tupi, devenu du mexicain, pourrait-elle constituer l’illustration d’une forme d’angle mort linguistique, dans lequel seraient confinées les langues américaines, du moins dans ce genre d’ouvrages particuliers que sont les collections de Notre Père, notamment à partir de la fin du xviie siècle ?

The eight-line text appears in Claude Duret’s Thresor de l’histoire des langues de cest univers (1613). It is entitled « Oraison dominicale en langue des Sauvages ». Our aim here is to follow its itinerary, upstream – the prayer being taken by the humanist from Moulins from André Thevet’s Cosmographie universelle (1575) – and downstream from Duret’s work, until the early 19th century with Adelung and Vater’s Mithridates (1806-1817). The text was indeed reproduced several times, and the Lord’s Prayer circulated from one work to another for almost two centuries. In the course of this journey, the prayer was transformed from a prayer in Tupi, an Amerindian language of Brazil, into a prayer in « the Mexican language ». Studying this long-term linguistic misunderstanding has a dual purpose: on the one hand, it shows the concrete effects of cut-and-paste, including in the literal sense, in the production of texts, and thus in the materiality of this knowledge. On the other hand, the case of the Lord’s Prayer in « the language of the Savages » allows us to reflect, more broadly, on the forms of reception offered to American languages, between the 16th and 19th centuries: in what way could this prayer in Tupi, which had become Mexican, constitute an illustration of a form of linguistic blind spot, in which American languages would be confined, at least in the particular kind of works that are Lord’s Prayer collections, especially from the end of the 17th century?

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