5 juillet 2024
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Florys Castan-Vicente, « L’Olympisme des femmes face à l’antiféminisme sportif (1921-1936) », Genre & histoire, ID : 10.4000/11y8x
En 1928, les Jeux olympiques d’Amsterdam accueillent pour la première fois des épreuves d’athlétisme pour les femmes. Cette ouverture est immédiatement suivie d’un recul, puisque dès la fin des Jeux, le CIO se déclare opposé aux courses de plus de 100 m en arguant de la trop grande faiblesse physique des femmes. Devant le refus du CIO d’ouvrir les épreuves d’athlétisme aux sportives, ces dernières militent pour intégrer les JO tout en créant leur propre institution séparatiste. En s’organisant en fédération internationale indépendante (la FSFI ou Fédération sportive féminine internationale), elles créent une institution concurrente du CIO et défient l’antiféminisme sportif sur son propre terrain. Le sport international de compétition devient ainsi un espace de lutte investi par des femmes, des travailleuses, des classes moyennes et populaires. En effet, l’ambition de la FSFI ne se limite pas à défier l’ordre du genre, mais comporte également une dimension sociale. La FSFI et ses « Jeux mondiaux », calqués sur le modèle des JO, ont pour objectif de démontrer les capacités physiques des femmes lors d’épreuves internationales, ainsi que leurs capacités à s’organiser et se diriger de manière indépendante, sans tutelle masculine. Les attaques du mouvement sportif sont ainsi permanentes durant toute la vie de la FSFI (1921-1936) afin de tenter de rétablir l’ordre du genre dans l’espace international des sports. Après une première période relativement favorable et de développement du mouvement (1920-1928), les attaques redoublent, et avant la fin des années 1930, la plupart des organisations de sportives reliées à la FSFI, et la FSFI elle-même, disparaissent, souvent suite à une reprise en main par des organisations masculines et leurs dirigeants. Nous montrerons ainsi que les attaques contre la FSFI, réseau de sportives indépendantes, s’apparentent à des attaques antiféministes, menées par un réseau d’opposants venus de diverses fédérations masculines nationales et internationales. En retour, l’accent sera mis sur les réponses à ces attaques.