8 juillet 2024
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Richard Shusterman, « Soma-esthétique, art et libération », Appareil, ID : 10.4000/11yzx
Cet article situe la soma-esthétique dans le prolongement de mon travail sur l’esthétique pragmatiste, puis explore les dimensions politiques de la soma-esthétique et certaines de ses applications pratiques. Réfutant le point de vue selon lequel l’intérêt pour le corps est une question privée plutôt que politique, le propos se concentre principalement sur la question de la politique de la libération et sur le rôle que l’esthétique peut y jouer. J’évoque, dans ce contexte, l’œuvre de Frantz Fanon. À travers une critique de la théorie esthétique de Herbert Marcuse, je montre comment la soma-esthétique fournit un complément nécessaire au potentiel de libération de l’art. En effet, la libération requiert une transformation de la sensibilité et des sentiments, nécessaire à la transformation des comportements, habitudes et actions, et indispensable au changement politique libérateur. Le travail sur le soma – notre principal outil, ainsi que le lieu de la perception sensorielle et des affects – fournit un moyen plus direct, et donc plus efficace, pour transformer la sensibilité que l’observation d’œuvres d’art. Je compare ici la soma-esthétique à la théorie des sens du jeune Karl Marx. L’article s’achève avec une brève discussion sur deux formes de soma-esthétique en action que je pratique. Il s’agit, en premier lieu, des ateliers pratiques pour les designers, puis, en second lieu, de mon travail de performance appelé « l’Homme en Or », mené en collaboration avec l’artiste parisien Yann Toma, et dont je souligne l’importance philosophique et politique.