Expériences du quotidien et de l’ordinaire dans La Vie ordinaire d’Adèle Van Reeth

Résumé Fr En

Dans son premier récit autobiographique, La Vie ordinaire (2020), Adèle Van Reeth développe une réflexion sur les expériences de la vie ordinaire (vivre en ville, déménager, devenir mère, écrire un livre) au croisement de l’écriture du quotidien et du discours essayistique. Dans ce texte hybride, le dédoublement de la voix narrative entre le présent évoquant des actes et gestes concrets du jour le jour et des rappels indirects d’un passé où la narratrice étudie la philosophie de la vie ordinaire (Stanley Cavell) à l’Université de Chicago, déploie les tensions entre la perception et l’intellectualisation du quotidien. Ayant recours aux distinctions que fait Bruce Bégout entre les notions de « quotidien » et d’« ordinaire » (2005), nous montrons que Van Reeth s’interroge sur les frontières entre l’expérimentation sensible (l’attention aux détails) et la théorisation du quotidien, approche qu’il paraît profitable d’explorer pour souligner que les croisements entre littérature et philosophie élargissent notre compréhension de l’écriture du quotidien.

In La Vie ordinaire (2020), her first autobiographical text, Adèle Van Reeth explores everyday life experiences (life in the city, moving in and out, giving birth, writing a book) through the practice of self-narrative writing and essayistic discourse. This hybrid text, where the narrative voice splits between the present time of daily facts and actions and the evocation of a past when the narrator used to study the philosophy of ordinary life (Stanley Cavell) at the University of Chicago, highlights the tension between the perception and the intellectualization of the everyday. By using Bruce Bégout’s distinction between the notions of “the quotidian” and “ordinary life”, I show that Van Reeth explores the dynamics of a sensorial experience of everyday life and its theorization to inquire how philosophy can enhance the literary representation of the everyday.