10 juillet 2024
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Étienne Achille et al., « L’expérience (post)coloniale dans la littérature française contemporaine : détail, sujet, bibliothèque commune (à partir des Années d’Annie Ernaux) », ELFe XX-XXI, ID : 10.4000/11zmi
L’analyse proposée dans cet article invite à repenser la place du (post)colonial dans le récit contemporain à travers la mise en évidence du travail sous-jacent mais continu du détail colonial dans Les Années (2008) d’Annie Ernaux. S’appuyant sur cet exemple représentatif d’un phénomène aussi diffus que conséquent, l’article vise à transcender les frontières disciplinaires et à réorienter l’approche critique de la production romanesque contemporaine vers l’horizon d’une « bibliothèque commune » à partir de trois postulats : 1) le sujet postcolonial – en tant que matière à réflexion littéraire et sujet ontologique né d’une histoire commune – est non seulement légitime mais indispensable à tout projet de compréhension, d’interprétation et d’évaluation d’une littérature contemporaine travaillée par les résonances (infra)discursives d’un débat public dans lequel la question de la mémoire de l’empire resurgit avec force depuis le tournant du millénaire ; 2) il existe un besoin urgent de mise en relation du travail des écrivain.e.s catégorisé.e.s comme « postcoloniaux » ou « intrangers/intrangères », d’une part, avec la production hexagonale, c’est-à-dire « blanche », de l’autre ; 3) ainsi, l’expérience postcoloniale de notre époque nous somme, critiques littéraires, d’intégrer l’étude des deux bibliothèques – l’une, « française », l’autre, « francophone » – qui ont jusqu’à présent coexisté sans se rejoindre, engendrant deux histoires parallèles de la littérature et des modèles interprétatifs distincts, malgré leur synchronie et un socle conceptuel partagé.