22 juillet 2024
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Claudie Voisenat et al., « Des charpentiers à l’œuvre », In Situ, ID : 10.4000/122pr
La reconstruction à l’identique de la charpente de Notre-Dame de Paris a imposé le recours (et parfois la redécouverte) de techniques traditionnelles, dont la plus importante, et la moins médiatisée du fait de sa complexité, est le tracé d’une épure. Ce recours à l’épure a été particulièrement déterminant pour la reconstruction de la flèche, ouvrage d’une extrême complexité, et s’est retrouvé au cœur des discussions entre charpentiers, architectes et ingénieurs des bureaux d’étude, mettant en évidence les difficultés et les paradoxes d’une reconstruction à l’identique mais respectueuse des normes (de sécurité par exemple) des sociétés contemporaines. Circulant entre les métiers et leurs enjeux, l’épure de la flèche de Notre-Dame a aussi circulé entre les générations : pour la concevoir, il a en effet fallu recourir aux archives de Viollet-le-Duc et de l’entreprise Bellu, dont le gâcheur Henri Georges, un compagnon dit « Angevin, l’enfant du Génie », avait réalisé la flèche originelle, et travailler également d’après l’épure dessinée en 1970, à partir d’un relevé détaillé de la flèche, par trois aspirants compagnons qui en avaient réalisé la maquette comme travail de réception. Mais ce qui s’est transmis entre ces générations à travers la logique de construction de la flèche c’est, plus qu’un savoir-faire, peut-être surtout un état d’esprit, un système de valeurs, une conception du travail.