20 novembre 2024
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2264-2617
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Tiphaine de Thoury, « Le dîner aristocratique en Val-de-Loire au XIXe siècle : Diner et redéfinition du château », Revue de géographie historique, ID : 10.4000/12q4v
L’abolition de la noblesse et des droits féodaux n’a pas mis fin aux châteaux et au phénomène châtelain, et, bien loin de s’amenuiser, ils perdurent à la fois durant la période révolutionnaire mais aussi durant tout le XIXe siècle, si bien qu’ils connaissent « un second siècle d’or » (Babelon, 1986). Pourtant, privé de sa fonction originelle, le château n’a de cesse de se redéfinir au cours de la période post révolutionnaire, sous l’impulsion d’une noblesse qui se « réinvente » (Brelot, 1992), mais aussi à l’initiative d’une bourgeoisie en quête de notabilité et qui l’investit amplement. Souvent rénové, agrandi, ou entièrement construit, avec son domaine, il n’en perd pas pour autant son prestige et son pouvoir économique, voire son aura politique. Dans ce contexte, les dîners qui s’y donnent, comme mécaniques de socialisation et marqueurs sociaux, constituent une pratique culturelle essentielle pour l’assise de son propriétaire et, plus généralement, pour la transmission de normes. Il s’agit donc d’étudier ici les différentes composantes du diner au château, dont les contours, initiés au XVIIIe siècle, par des élites urbaines, se précisent au cours du XIXe siècle et se diffusent dans la région par le biais de ces mêmes élites qui y possèdent aussi des châteaux et pratiquent la pluri-résidence. Ces composantes sont signifiantes des usages et des nouvelles fonctions du château, au cours de cette période durant laquelle leurs propriétaires sont constituants de groupes sociaux qui, de générations en générations, cherchent à se redéfinir ou à se définir, qu’ils soient de la noblesse ou de la bourgeoisie. Il s’agira aussi de caractériser ces dîners qui varient en fonction des saisons et du rythme, ou de la nature, des sociabilités, pour, enfin, montrer que ceux-ci constituent un large, très codifié, et accessoirisé, rituel de distinction, et qui va bien au-delà de la gastronomie.