9 décembre 2024
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Emmanuelle Olivier et al., « JBZ (Abidjan) et Bogolan (Bamako) : itinéraire biographique de deux “studios live” de légende et de leurs principaux protagonistes », Volume !, ID : 10.4000/12vka
À la croisée entre ethnomusicologie et science de l’ingénierie sonore, cet article propose une lecture des musiques ouest-africaines au prisme des lieux et des technologies de la production musicale. Octobre 2022 : le studio Bogolan de Bamako ferme définitivement ses portes. Quatre ans auparavant à Abidjan, c’est JBZ qui disparaissait. Ces deux grands studios hérités de l’ère analogique qui ont « fait » la musique ouest-africaine des années 1980-2010 n’ont plus leur place dans l’écosystème de la musique à l’ère post-globale, caractérisé par une profusion de petits studios basés sur des stations audionumériques. À travers un itinéraire biographique de ces deux studios de légende et de leurs principaux protagonistes (propriétaires, réalisateurs, producteurs, arrangeurs et ingénieurs du son), cet article entend brosser le portrait d’une époque et d’un milieu, celui d’une première industrie musicale indépendante des pouvoirs étatiques, initiant là le mouvement ouest-africain de la world music. Mais la trajectoire et l’activité de ces studios révèlent aussi des différences notables dans les politiques culturelles et économiques des deux pays : quand Bogolan privilégie le folklore malien et les collaborations avec des musicien·ne·s et ingénieurs du son des pays du Nord, JBZ attire les plus grandes vedettes des musiques urbaines d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Ce texte montre enfin les conséquences des choix différents de Bogolan et JBZ sur la culture des studios numériques dans chacun des pays : continuité de la transmission des savoirs de l’analogique au numérique à Abidjan dont la production musicale est aujourd’hui connectée au marché global, contre peu d’échanges et une rupture entre un « studio live » international et les studios numériques à Bamako, largement déconnectés de l’industrie globale.