La chambre de tante Léonie ou l’imperceptible architecture du soin

Fiche du document

Date

19 décembre 2024

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2267-6759

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1165-0354

Organisation

OpenEdition

Licences

info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/




Citer ce document

Julien Salabelle, « La chambre de tante Léonie ou l’imperceptible architecture du soin », Géographie et cultures, ID : 10.4000/12ywn


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Si l’on considère, à la suite de Goldstein et Canguilhem, que la santé qualifie non pas un état physiologique, mais les interactions d'un individu à son milieu de vie, relativement à ses capacités physique, psychique et sociale, il apparaît que les malades chroniques déploient, au cours du temps, une expertise fine dans l'organisation de leur lieu de vie, et des relations à leur habitat à la fois efficaces et inventives. Souvent imperceptibles ou mésinterprétés, ces savoirs expérientiels peuvent être abordés par le prisme du témoignage littéraire. Lorsqu’il décrit la chambre de tante Léonie, dans le premier tome de La Recherche du Temps Perdu, Proust dépeint un espace tristement banal, voir austère au premier abord, mais qui se révèle être habité d’une manière extraordinairement riche par les petits gestes du quotidien. Une étude détaillée d’extraits du roman, combinée à des références issues de la théorie de l’archi­tecture, permettent de mettre au jour une organisation minutieuse des espaces et des objets, une gestion savante des horaires et des rythmes de vie, ainsi qu’un investissement original des sens et de l’imagination. L’identification et l’analyse des stratégies spatiales de tante Léo­nie illustre des manières, pour des personnes fragiles et marginalisés, de faire milieu avec leur habitat.

According to Goldstein and Canguilhem, health does not qualify a physiological state, but the ability of an individual to build interactions with its living environment, accor­ding to his physical, psychological and social abilities. In that respect, it appears that patients with chronic diseases develop, over time, an expertise in the organization of their living envi­ronment, and relations to their habitat that are both effective and inventive. Although they are often imperceptible or misinterpreted, this experiential knowledge can be approached through novel literature. When he describes Aunt Léonie's room in the first volume of The Search for Lost Time, Proust depicts a space that is plainly common, even stern at first sight, but it is inhabited in an extraordinarily rich way through the small gestures of everyday life. A detailed study of excerpts from the novel, combined with references of architectural theory unveils a meticulous organization of spaces and objects, a skilful management of schedules and rhythms, as well as an original investment of senses and imagination. The identification and analysis of Aunt Léonie's spatial strategies illustrate ways in which fragile and marginalized people inhabit their living environment.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines