3 janvier 2019
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Catherine Bois, « La couleur rhétorique au xviiie siècle, entre esthétique et èthos oratoire idéal. Comment la critique de Milton poète en porte témoignage », XVII-XVIII, ID : 10.4000/1718.1180
La couleur rhétorique désigne chez Cicéron et Hermogène une tonalité générale du discours, dont l’èthos s’oppose aux séductions de l’imagination. Quand le pathétique et le sublime unissent poésie et éloquence après la Renaissance, la couleur excède l’ornementation des styles. Au xviiie siècle en Grande-Bretagne, sa puissance réflexive nourrit l’esthétisation de la rhétorique. Le belle-lettriste Adam Smith transforme l’ornement en couleur d’inventio, le style en écriture. La critique de Milton témoigne d’une labilité inédite entre èthos oratorial, logos discursif, pathos auditorial. Les rhétoriciens classiques relèvent les couleurs sublimes du poète, les néo-rhétoriciens sa précision. Addison et Blair définissent un style miltonien précis et sublime où la couleur esthétise les figures. Sa difficulté achoppe sur l’allégorie « Sin and Death ». Chez les premiers romantiques l’elocutio se fait couleur de l’imagination, Milton surfiguration du poète orateur dont l’èthos idéal prophétise la rhétoricité. Imprégnée d’enargeia, la diction des couleurs naturelles engage l’indétermination du sens.