2 janvier 2021
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Robert Clark, « Jane Austen’s Emma, Adam Smith’s ‘impartial spectator’, market capitalism and free-indirect discourse. », XVII-XVIII, ID : 10.4000/1718.4622
Emma, le roman de Jane Austen, est connu comme l’un des premiers textes à utiliser le discours indirect libre avec une grande finesse, pour représenter avec ironie les jugements souvent erronés d’une héroïne de 21 ans qui joue les entremetteuses. Il est de plus célèbre comme un brillant roman d’amour, ayant donné lieu récemment à de nombreuses imitations. Mais il contient aussi une satire féroce de l’émergence de la classe moyenne et de la pénétration du langage et des valeurs du capitalisme marchand dans la société bourgeoise anglaise. S’appuyant sur les thèses de John Bender (Imagining the Penitentiary) et de Karl Polanyi (The Great Transformation), cet essai s’attache à montrer que l’utilisation du discours indirect libre permet à Austen de construire Emma comme un sujet ne comprenant pas sa propre subjectivité, devant apprendre à se percevoir objectivement sous la férule de Mr. Knighley. Ce paradoxe selon lequel le sujet et sa subjectivité doivent se percevoir eux-mêmes objectivement comme des objets interchangeables dans une société capitaliste émane de The Theory of Moral Sentiments d’Adam Smith et, pour ceux qui refusent d’apprendre à s’autoréguler, du panoptique pénitentiaire de Jeremy Bentham.