Aux racines du « nouveau cinéma suisse » ? Le projet de Tanner, Brandt et Goretta pour l’Exposition nationale de 1964

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L’article offre une lecture documentée de deux lettres. L’une est signée d’Alain Tanner, Henry Brandt et Claude Goretta, la seconde de Tanner seul. Alors qu’une loi sur le cinéma est sur le point de s’élaborer et que la mise sur pied de l’Exposition nationale de 1964 bat son plein, les trois cinéastes élaborent un projet de films qui, à l’aide de cette manifestation, donnerait un nouveau souffle au cinéma national. Ces lettres, sources inédites et jusqu’ici pratiquement inexploitées, constituent un témoignage précieux. Elles contiennent d’une part une dénonciation de l’absence de soutien national au cinéma suisse, d’autre part, elles portent en elles tout l’espoir de réaliser un cinéma indépendant grâce à son intégration dans le cadre officiel, national et donc légitime qu’est l’Exposition de 1964. L’initiative de Tanner, Brandt et Goretta constitue ainsi un jalon dans l’avènement de ce qui est trop communément appelé le « nouveau cinéma suisse », notion dès lors revisitée. En regard de ces deux lettres, l’article évoque les premiers films de Tanner, Brandt et Goretta et effectue un survol de la réception critique romande de ce cinéma. Une ébauche d’un réseau culturel gravitant autour de la production locale met en lumière les alliances nécessaires au développement du cinéma helvétique. Par l’évocation de ces dimensions contextuelles, il est possible de cerner les arguments et les enjeux des lettres, et de mesurer la force de conviction de leurs auteurs lettres, et de mesurer la force de conviction de leurs auteurs.

This article proposes a documented reading of two letters. One is signed by Alain Tanner, Henry Brandt and Claude Goretta, the other is by Tanner alone. At the time when a law on cinema is about to appear and the National Exhibition of 1964 is in full swing, the three filmmakers present a film project that, helped by the context of the exhibition, will breathe new life into the national cinema. These letters, previously unpublished and until now virtually unstudied, are a precious historical source. On the one hand they denounce the lack of support for a national Swiss cinema, on the other they express the ambition to establish an independent cinema via its integration into the official, national and legitimate framework of the 1964 exhibition. The initiative of Tanner, Brandt and Goretta is therefore a milestone in the arrival of what is too often called ‘new Swiss cinema’, the idea of which is reconsidered here. In relation to the two letters, the article evokes the early films of Tanner, Brandt and Goretta and provides an overview of the francophone Swiss reception of these films. A sketch of the cultural network surrounding the local production highlights the alliances that were necessary for the development of Swiss cinema. By evoking these contextual factors, we can better grasp the arguments and concerns of these letters, and we can measure the strength of conviction of the three authors.