Les spectres magnétiques de Thomas Alva Edison. Cinématographie, phonographie et sciences des fantômes

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10 novembre 2015

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Philippe Baudouin et al., « Les spectres magnétiques de Thomas Alva Edison. Cinématographie, phonographie et sciences des fantômes », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, ID : 10.4000/1895.5011


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Au tournant du xxe siècle, les partisans du spiritisme s’émerveillent des progrès de la technologie et s’en emparent pour démontrer la validité de leurs thèses sur les phénomènes parapsychiques, comme la télépathie ou l’interaction avec les défunts. Les travaux d’Edison autour d’appareils électriques participent à façonner un imaginaire de la communication à distance auquel l’inventeur participe directement puisqu’il exprime son intention de créer un instrument destiné à contacter l’au-delà. Grâce à l’invention du phonographe et des variantes du cinématographe, le « magicien » des technologies électriques vient dès lors actualiser le fantasme de télépsychie qui est au cœur des sciences spirites. En effet, associées à la sphère du merveilleux scientifique qui englobe la plupart des médias dès leur apparition à l’ère industrielle, les technologies modernes projettent les phénomènes spirites au plan d’une évidence miraculeuse et d’un mystère irréfutable, à l’image des instruments auxquels on les compare, imprégnés qu’ils sont de mysticisme matériel. A partir de l’hypothèse selon laquelle c’est faute de parvenir à créer un outil permettant de communiquer avec l’au-delà qu’on inventa le phonographe et le cinématographe, cet article examine, dans une perspective épistémologique, les interactions entre l’intérêt d’Edison pour les phénomènes psychiques et les discours qui entourent le cinématographe et le phonographe envisagés comme des dispositifs magiques qui transforment leurs usagers en télépathes captant des ondes invisibles. En effet, s’ils appartiennent à la « série culturelle » des outils scientifiques assignés à répertorier l’audible et le visible, le phonographe et le cinématographe s’enracinent également dans une longue tradition de « machines occultes » qui cristallisent l’obsession de l’humain pour la spectralité. Loin d’être incompatibles, cinéma et spiritisme nouent des liens épistémiques qui remontent à leurs archéologies respectives.

At the turn of the twentieth century, the supporters of spiritualism are fascinated by technological progress, and seize upon it to support the validity of their theses about parapsychic phenomena, such as telepathy or interaction with the dead. Edison’s research into electrical appliances helps to shape the dream of remote communication, an idea that the inventor directly evokes when he expresses his intention to create an instrument to contact the afterlife. Thanks to the invention of the phonograph and the cinematograph, the « magician » of electric technologies comes to embody the fantasy of telepathy, which is at the heart of spiritualist sciences. Starting from the assumption that it is in part the failure to create a tool to communicate with the beyond that inspired the invention of the phonograph and the cinematograph, this article examines, from an epistemological perspective, the interaction between Edison’s interest in psychic phenomena and discourses around the cinema and phonograph considered as magical devices capable of transforming their users into telepaths capturing invisible waves. Indeed, if the phonograph and the cinematograph belong to the « cultural series » of scientific tools designed to identify the audible and visible, they are equally rooted in a long tradition of « occult machines » that materialise the human obsession with spectrality. Far from being incompatible, cinema and spiritualism have common epistemological bonds that we can trace back to their respective archaeologies.

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