12 novembre 2020
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Laurent Guido, « Adorno à Malibu : les enjeux critiques du slapstick, entre modernité technologique et résurgence « grotesque » », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, ID : 10.4000/1895.7528
La réflexion sur le slapstick (appelé confusément « burlesque » en France), dans le sillage des perspectives tracées par Tom Gunning, s’est penchée sur les rapports entre le cinéma comique américain « muet » et son contexte technologique. Dans cette introduction on met en évidence les tensions qui ont pu apparaître dans le discours de critiques, théoriciens et artistes se réclamant souvent du marxisme qui furent fascinés par un « américanisme » reposant les bases mêmes de l’efficience capitaliste. Au sein du courant de la « théorie critique » – Theodor Adorno, Walter Benjamin, Siegfried Kracauer –, dont les propositions sur le cinéma et les médias suscitent depuis quelques années un indéniable regain d’intérêt, les positions sont contrastées. Si Benjamin estime qu’en exploitant leur essence mécanique les films comiques sont susceptibles de faire émerger une prise de conscience critique et militante au sein de la foule réunie dans la salle, pour Adorno, le rire qui éclate dans cette salle est aux antipodes d’une posture révolutionnaire : il est « rempli du pire sadisme bourgeois ». Avec l’exemple de Chaplin apparaît cependant un rire archaïque, dont les fondements anthropologiques sont antérieurs à l’avènement de la modernité technologique. Pour Hanns Eisler, la « division du travail » n’a rien à faire dans l’art chaplinien qui, retournant à des spectacles populaires non légitimés, est susceptible de « trouver accès à des énergies collectives » libératrices.