10 janvier 2014
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François Caillou, « Le pouvoir royal et les ligueurs de Tours (1589-1598) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.2669
Pendant les guerres de Religion, les Tourangeaux, souvent présentés de façon caricaturale comme de fervents partisans des rois légitimes, sont en fait profondément divisés. Une part importante de la population soutient la cause des Guises, ce que les autorités locales ont par la suite cherché à occulter. Dès 1584, le parti de l’Union est solidement implanté à Tours, avec à sa tête un fidèle partisan des princes lorrains : le président du siège présidial Gilles Duverger. Par trois fois au cours de l’année 1589, ces « ligueurs de l’intérieur » tentent de prendre le contrôle de la ville. Malgré une sévère répression, l’organisation ne désarme pas : agissant dans la clandestinité à partir de mai 1589, elle reste une menace jusqu’en 1594, voire 1597. C’est ainsi qu’en 1591, le réseau ligueur organise l’évasion du jeune duc de Guise, retenu prisonnier au château de Tours. Régulièrement, les autorités appréhendent des suspects, procèdent à des perquisitions, font traduire en justice des provocateurs, des espions infiltrés et des comploteurs. Grâce à des sources jusqu’ici non exploitées comme les autorisations de réinstallation octroyées par le corps de ville de Tours aux ligueurs repentis et le registre de comptes du fermier des biens des rebelles saisis par le pouvoir royal, il est possible d’identifier les principaux acteurs du mouvement et d’envisager l’étude de ses membres sous l’angle de la prosopographie. Ainsi, les origines sociales, les professions ou fonctions, la situation matrimoniale, les liens de parenté ou de clientèle existant entre les uns et les autres, parfois même le niveau de fortune de ces individus peuvent être mis en lumière : autant d’indications qui permettent de mieux cerner leurs motivations et leur mode opératoire.