19 novembre 2014
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Adeline Rege, « De l’aventure vécue à l’aventure racontée », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.2839
Les récits de voyage du xviiie siècle obéissent à des codes d'écriture et visent un double objectif : informer et divertir le lecteur. Les péripéties liées aux conditions de transport et d'hébergement, à l'itinéraire, aux compagnons de voyage, permettent de faire vivre le récit. À travers l'exemple de l'architecte Simon-Louis Du Ry, nous tenterons de montrer comment le narrateur utilise ce thème littéraire dans le but de plaire à ses lecteurs. Descendant d’une lignée d’architectes réformés réfugiés en Allemagne suite à la Révocation de l’Édit de Nantes, Simon-Louis Du Ry (1726-1799) étudia l’architecture à Stockholm, à Paris, en Hollande, puis en Italie, de 1746 à 1756. À son retour, il devint architecte de la cour de Hesse-Cassel. En 1776, il sillonna l’Italie durant quelques mois avec le landgrave Frédéric II de Hesse-Cassel. Dans ses récits de voyage, le thème des conditions de voyage occupe une place majeure. Il s’agit à l’origine d’informations factuelles, qui sont transformées par le narrateur en un thème littéraire susceptible de produire de l’effet sur le lecteur grâce à l’emploi de procédés stylistiques tels que le suspense, le recours à l’oralité, ou le portrait, mais aussi grâce à un mode de composition du récit bien spécifique. Par ce biais, le voyageur devient un héros aux yeux du lecteur. Mais c’est aussi, en creux, le portrait du narrateur en tant que voyageur qui se dessine, un voyageur moderne qui considère le voyage comme le moyen de l’accomplissement de soi.