Justice et émotions sous l’Ancien Régime

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23 août 2018

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Gwénael Murphy, « Justice et émotions sous l’Ancien Régime », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.3841


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Dans le Poitou, entre le milieu du xviie siècle et le début de la Révolution française, près d’un millier de femmes et une dizaine d’hommes entament des procédures en séparation conjugale, de biens ou de corps. Si les difficultés matérielles expliquent le plus souvent leurs démarches, les archives des justices d’Ancien régime rapportent régulièrement les descriptions détaillées de vies de couple chaotiques, voire violentes. Parmi toutes les lectures possibles des dépositions, l’analyse du registre émotionnel est intéressant. Celui-ci s’avère freiné, en premier lieu, par une législation qui ne reconnaît que la mise en danger des biens de l’épouse comme motif valable de dissolution de la communauté, et en second lieu par les préjugés sociaux des hommes de loi qui se représentent les femmes « du peuple » comme insensibles aux violences maritales. Toutefois, à 135 reprises, les émotions ressenties sont mises en avant par les protagonistes, plaignantes ou témoins. Un recensement et une étude détaillée de ce lexique des affects permettent, particulièrement grâce à trois affaires de violences féminines, de mettre en lumière l’usage d’un vocabulaire non sexué, la relation de genre étant supplantée par le rapport accusé/victime. Enfin, les émotions, si elles décrivent des situations réelles, sont instrumentalisées et appelées en dernier recours, dans les procédures d’appel ou lorsque le scandale s’étale sur la place publique.

In Poitou, between the middle of the seventeenth century and the beginning of the French Revolution, nearly a thousand women and a dozen men initiated proceedings in conjugal separations. If material difficulties most often explain their decision, the archives of Ancien Régime justices regularly reported detailed descriptions of chaotic, even violent, married lives. The analysis the emotions expressed in the depositions is particularly worthy of attention. It is, however, hampered by legislation that only recognised the endangerment of the wife’s property as a valid reason for dissolving the marriage, as well as by the social prejudices of lawyers who imagined the “women of the people” as being insensitive to marital violence. However, on 135 occasions, the emotions felt by the protagonists, complainants or witnesses were recorded. A census and a detailed study of this affective lexicon, especially through three cases of female violence, highlight the use of asexual vocabulary, the gender relationship being supplanted by the accused/victim relationship. Finally, emotions, if they described real situations, were instrumentalised and used as a last resort, in appeals procedures or when a scandal spread out into the public square.

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