28 janvier 2019
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Christian Seignobos, « Du Bornou au Baguirmi, le pèlerinage d’un mahdi, Mallum Debaba (1856-1860) », Journal des africanistes, ID : 10.4000/africanistes.5073
La traversée du Baguirmi (1856-1860) par un Mallum peul à la tête de milliers de pèlerins qui entraîne l’effondrement du royaume a rarement été évaluée à l’aune de son importance. Pourtant, cet événement météorite est révélateur de l’histoire même du Baguirmi. Des principautés peules installées dès avant la fondation de Massenya, la capitale, ont été le vecteur de l’islamisation de ses princes au xvie siècle, puis du royaume. En dépit ou à cause de leur poids historique, les communautés peules demeurent irrémédiablement suspectées de vouloir se réapproprier le pouvoir. L’arrivée d’un religieux, Peul de l’ouest et de surcroît réformateur de la foi, ne pouvait qu’inquiéter l’appareil d’État baguirmien éduqué dans le fantasme du complot peul. La confrontation des pèlerins et de l’armée de Massenya tourne au désastre avec le massacre du sultan et de la fine fleur de l’armée. La région connaît alors une période d’anarchie extrême, entraînant une famine désormais inscrite dans les chroniques. Après l’abandon par le Mallum de sa troupe ingérable, ces mêmes pèlerins coloniseront une région entière au nord de Bousso. Les Bornouans, majoritaires, formeront une communauté, les « Borno malama » marquée par son histoire et qui essaimera ultérieurement dans tout le Tchad méridional.