Œdipe et Ogbanje dans la migration des femmes nigérianes en Italie : d’une mythologie virulente de l’adoption et de ses anticorps

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12 juin 2020

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Simona Taliani, « Œdipe et Ogbanje dans la migration des femmes nigérianes en Italie : d’une mythologie virulente de l’adoption et de ses anticorps », Journal des africanistes, ID : 10.4000/africanistes.8817


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En Italie, les femmes africaines immigrées, en majorité nigérianes, sont placées sous la protection de l’État en tant que victimes de traite humaine. Mais lorsqu’elles deviennent mères, il arrive souvent que les institutions les considèrent comme inaptes, incapables d’élever leurs enfants. Si les juges – s’appuyant sur les rapports établis par les services sociaux – estiment qu’elles « ne sont pas animées par un sentiment maternel responsable », elles perdent le droit de rencontrer leur enfant, jusqu’à la séparation définitive. La rupture du lien décidée par la mise en place d’une procédure d’adoption fait alors d’un enfant africain né d’une mère immigrée un « sans-parents » et un produit de l’État, tandis que les mères retombent dans les oubliettes des rapports inutiles et dans l’anonymat des sans-papiers. En s’appuyant sur la littérature questionnant les rapports entre migration, État et famille, l’auteur analyse comment ces petits sujets deviennent italiens en vertu de la forclusion du nom de leur mère noire. Enfin, à partir d’une réflexion sur les mythes évoquant l’« enfant perdu qui revient » (l’Œdipe et l’Ogbanje), les conclusions mèneront vers un choix narratif : entre l’Œdipe et l’Ogbanje, on se demande en effet à quelle condition il est possible de conjurer la tragédie.

African immigrant women in Italy, many of whom are Nigerian receive state protection and support as victims of human trafficking. Should they become mothers, however, state institutions often consider them unfit mothers, incapable of raising their children. If a judge, relying upon the reports produced by social services, determines that that they are not “inspired by a sense of maternal responsibility”, they lose the right to see their children leading to a definitive separation. This rupture created by the initiation of an adoption procedure transforms an African child born to an immigrant mother into a “parentless child”. The mothers are once again cast aside as data in useless reports and return to the anonymity of the undocumented. Drawing upon the literature interrogating the relation between migration, the State and the family, the author analyze how these little subjects become Italians through the foreclosure of the right to the name of their black mother. Faced with two myths about “the lost child who returns”– that of Oedipus and that of Ogbanje, we may wonder just how to escape tragedy.

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