Reflections on plague in African history (14th–19th c.)

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25 décembre 2018

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Gérard Chouin, « Reflections on plague in African history (14th–19th c.) », Afriques, ID : 10.4000/afriques.2228


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Résumé En Fr

In 1347, the western and Mediterranean parts of the Old World recorded the first outbreaks of a returning mortal disease that would make its presence felt over several centuries. Known today as the Second Plague Pandemic—a zoonosis due to the bacterium Yersinia pestis—it scythed between a third and half of the population without regard for wealth or status. It deeply transformed all facets of societies, ignited fears, violence, and pogroms, tested the flexibility of religions, hierarchies, and traditions, and excited ambitions. Although the plague is commonly described as a pandemic, historical knowledge about the initial Black Death and the many recurrent waves of the disease is largely restricted to Western Europe and the Mediterranean world, where the literate elite left an impressive documentary record that served as resource to the long-lasting and flourishing heuristic tradition of Plague Studies. If, as suggested by Monica Green, the concept of ‘pandemic’ is to be taken seriously, we must consider the many excluded parts of the Old World, and especially Africa, in our plague narratives. We must recognize that these societies that did not practise ‘the reduction of speech to graphic forms’—to use the expression coined by Jack Goody—also could have experienced the brutal mortality of the plague and its radical transformative power, while producing no organized and specific, long-lasting traces. By extension, we must also recognize that all literate societies that had in common the art of writing did not practise this art in the same way and may not have produced identical categories of documentary records. Cultural differences affect the nature of the documentary archive, as illustrated by literate practices in medieval Nubia and Ethiopia. The invisibility or limited visibility of the plague in the documentary record is, therefore, a challenge for historians and a disguised invitation to accept the absence of evidence as evidence of absence. This paper is my attempt to resist this temptation, to challenge the quasi-absence of interest in the plague problem in the historiography of Sub-Saharan Africa, and to lay out the foundation of a research strategy that will be multi-disciplinary and comparative. The plague problem is not a footnote to African history. If the plague impacted African societies as it did in documented parts of the Old World, we must have missed or misread fundamental processes of change it entailed. Would we understand and interpret the history of Western Europe or the Mediterranean as we do if we ignored that the plague had occurred? Here, I do not solve the plague conundrum in Sub-Saharan Africa; rather, I build on the persuasive arguments made by other contributors to this special issue about the presence of plague in different parts of Africa before the 19th century. My purpose is to propose multiple, critical, and cumulative—but far from exhaustive—pathways to reading and rereading the traditional and less traditional sources of African history in the light of the possibility of societal crises related to plague. Besides presenting fragments of evidence, this paper also serves as an introduction to three groundbreaking papers exploring the archaeological, documentary, and genomic sources of the disease in the African past.

En 1347, les régions occidentale et méditerranéenne de l’Ancien Monde enregistrèrent les premières flambées de peste qui marquaient le retour de cette maladie mortifère. Elle allait de nouveau faire sentir sa douloureuse présence durant plusieurs siècles. Connue sous le nom de deuxième pandémie de peste – une zoonose due à la bactérie Yersinia pestis – elle faucha entre un tiers et la moitié de la population, sans trop d’égards pour la fortune et le rang social. Elle transforma profondément toutes les facettes des sociétés, provoquant guerres, violences et pogroms, testant la flexibilité des religions, hiérarchies et traditions, et exacerbant les ambitions. Bien que la peste soit couramment associée à la notion globalisante de ‘pandémie’, les connaissances historiques concernant la poussée de Peste Noire initiale et les nombreuses flambées qui s’ensuivirent sont, pour l’essentiel, limitées à l’Europe occidentale et au pourtour méditerranéen. Dans ces régions, une élite lettrée s’appliqua à produire un impressionnant corpus documentaire qui a nourri la longue et florissante tradition heuristique des études sur la peste. Si, comme le suggère l’historienne Monica Green, le concept de pandémie doit être pris au pied de la lettre, alors il nous faut inclure dans le champ des études sur la peste les nombreuses parties de l’Ancien Monde jusque-là non représentées, à commencer par l’Afrique sub-Saharienne. Il nous faut reconnaître que parmi ces sociétés, celles qui ne pratiquaient pas « l’art de réduire la parole en formes graphiques » – pour reprendre l’expression de Jack Goody – purent elles aussi faire l’expérience de cette brutale mortalité et de sa radicale puissance transformative, sans pour autant en conserver des traces spécifiques, durables et organisées. Du même coup, il nous faut aussi reconnaître que toutes les sociétés ayant eu l’art d’écrire en commun ne le pratiquèrent pas à l’unisson, et ne produisirent donc pas forcément des catégories d’archives documentaires comparables. Les différences culturelles affectent la nature de cette archive documentaire, comme l’illustrent les pratiques de l’écrit en Nubie médiévale ou en Ethiopie. L’invisibilité ou la visibilité très limitée de la peste dans les sources est donc un défi pour les historiens et une invitation à peine déguisée à accepter l’absence de preuves pour preuve d’absence. Cet article est une tentative de résistance aux sirènes de la facilité, de contestation face au peu de curiosité que suscite la question de la peste dans l’historiographie de l’Afrique sub-Saharienne. Il s’agit de poser les fondations d’une stratégie de pensée qui soit résolument interdisciplinaire et comparatiste. La question de la peste ne doit pas demeurer une note de bas de page de l’histoire de l’Afrique. Si la peste eu pour les sociétés africaines ne serait-ce qu’une fraction de l’impact qu’elle eut dans les recoins documentés de l’Ancien Monde, alors il se pourrait que nous ayons manqué ou mal interprété des processus de changement fondamentaux qu’elle implique. Ecririons-nous l’histoire de l’Occident ou des rivages méditerranéens comme nous le faisons aujourd’hui si nous ignorions que la peste fut ? L’ambition des pages qui suivent n’est pas de résoudre tout-à-fait l’énigme de la peste en Afrique sub-Saharienne. Il s’agit plutôt de construire sur les arguments persuasifs bâtis par les autres contributeurs à ce dossier concernant la présence de la peste dans diverses parties d’Afrique avant le xixe siècle. Je propose des chemins multiples, critiques et cumulables —mais non pas exhaustifs — pour lire et relire les sources traditionnelles et moins traditionnelles de l’histoire de l’Afrique à la lumière encore faible mais déjà persistante des traces de crises sociétales en lien avec la deuxième pandémie. Au-delà de la présentation de fragments de preuve, il s’agit surtout de préparer le lecteur à la découverte des trois autres articles innovants qui explorent à la suite les sources archéologiques, documentaires et génomiques possibles de la peste en Afrique.

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