6 mars 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2104-3353
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Henry Gil, « Stratégies, fonctions et significations des espaces invisibles dans La casa de Bernarda Alba », L’Âge d’or, ID : 10.4000/agedor.939
L’espace théâtral suppose un espace complexe qui ne saurait se réduire au seul espace scénique, cet espace visible qui constitue le spectacle, autrement dit ce qui s’offre au regard. En effet, d’autres espaces qui, eux, sont invisibles (les espaces contigu et/ou dramatique) viennent interférer sur l’espace scénique donnant lieu à des espaces que le spectateur, sans cesse sollicité, devra imaginer. Or, La casa de Bernarda Alba est sans nul doute l’une des pièces où ces espaces invisibles interviennent le plus, produits, lors de la représentation, soit par des messages auditifs perçus dans le hors-scène, voire par une lumière extérieure, soit par le texte dialogué. De la même façon, il convient de prêter attention, à côté des personnages féminins, incarnés par des actrices, aux personnages masculins – l’un d’entre eux étant, d’ailleurs, essentiel pour l’intrigue – mais jamais présents dans cet espace du visible qu’est la scène. Cette pièce fondée sur l’enfermement suscite la constante sollicitation d’un dehors très fortement fantasmé à la fois désiré et craint qui est déterminant dans l’action dramatique. L’espace invisible sera donc, ici, soit le prolongement virtuel du visible afin d’ancrer celui-ci dans un cadre plus large, soit le fantasme jusqu’à suggérer parfois même l’irreprésentable de la sexualité et de l’horreur de la mort.