14 décembre 2019
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Julie Postel, « Marionnette infigurée et persistance de la matière », Agôn, ID : 10.4000/agon.6114
Des créations contemporaines aussi variées esthétiquement que celles de Gisèle Vienne, de François Lazaro (Clastic Théâtre), de Benjamin Verdonck ou de la compagnie Les Rémouleurs nous révèlent une révolution en cours dans les arts de la marionnette : l’objet mis en scène n’y est plus le lieu de projection d’un sujet fictif. Si ces écritures continuent de croiser un travail plastique au geste dramatique, l’objet n’y fait pas corps ; des présences se font davantage sentir entre les corps et les objets, par le mouvement des choses, la suggestion d’un vivant invisible. Cette défection de la marionnette comme objet a deux conséquences esthétiques. D’une part, la figure marionnettique adopte un caractère ondulatoire voire immatériel. D’autre part, la matière, qui n’est plus transfigurée, persiste comme relai nécessaire à la perception d’une présence. Elle agit alors en négatif, par son opacité et sa résistance à l’animation. Les « écritures de l’infiguré » reposent ainsi sur un nécessaire « passage » par la matière, reformulant esthétiquement, techniquement et politiquement les contraintes matérielles liées à la création marionnettique.