1 juillet 2021
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Philippine Casarotto, « Marie-Thérèse d’Autriche, « modèle des princes et miracle de son sexe » », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, ID : 10.4000/allemagne.2623
Jusqu’à une époque récente, Marie-Thérèse a été décrite par les historiens comme une héroïne qui tint tête à la Prusse, comme une souveraine énergique et volontaire, qui modernisa l’appareil d’État et réforma en profondeur la Monarchie habsbourgeoise. Le grand public retient surtout l’image d’une « Reine des cœurs » qui aimait ses sujets autant que ses nombreux enfants. Le tricentenaire de sa naissance (1717-2017) marque la déconstruction de ce mythe, notamment par l’analyse des stratégies de représentations mises en œuvre par l’impératrice-reine. Comme d’autres écrits panégyriques, les oraisons funèbres, prononcées en marge des cérémonies de requiem, se présentent comme l’expression spontanée de la douleur et de l’affection populaires. Cette « mémoire d’en bas », obéissant en réalité aux normes d’un genre remontant à l’Antiquité, joue un rôle essentiel pour légitimer et stabiliser la dynastie. Mais comment écrire l’éloge d’une reine ? En cette fin du dix-huitième siècle, qui voit les anciennes valeurs de la Monarchie céder progressivement le pas aux idéaux des Lumières, trois prédicateurs s’efforcent de définir les canons d’un héroïsme au féminin, dans lequel les stéréotypes de genre se trouvent à la fois confirmés et dépassés.