31 octobre 2016
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0181-0448
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2260-2941
https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Michel Boehler, « Quelle reconstruction dans la campagne alsacienne au lendemain des guerres du XVIIe siècle ? », Revue d’Alsace, ID : 10.4000/alsace.2404
Mise à la mode historiographique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la problématique de la « reconstruction » porte avant tout sur les réparations matérielles. Celle qui suit les guerres du XVIIe siècle, entre 1648 et les années 1720, tient compte à la fois des spécificités de la campagne alsacienne et du type de guerre pratiqué (rebondissement des conflits, dévastations et épuisement des ressources). Multiforme, elle est d’abord une reconstruction démographique, dans laquelle l’immigration tient une large part, le repeuplement bénéficiant, de la part du roi ou des seigneurs territoriaux, d’édits de défrichement particulièrement avantageux. Sur le plan économique, elle se solde souvent par un retour à l’âge d’or, mythique et idéalisé, des temps anciens : plus apparents que réels, les progrès qu’elle induit seront en effet tardifs (XVIIIe siècle) et relèveront souvent d’un simple rattrapage. De même, l’indispensable reconstruction religieuse et morale renoue également avec les valeurs traditionnelles et les usages séculaires. La reconstruction revêt ensuite, de la part des grands propriétaires fonciers, l’apparence d’une patiente reconstitution des droits face à l’usurpation des biens « caducs » et à l’instrumentalisation d’une emphytéose fréquemment usurpée par les exploitants. Sur le plan politique enfin, elle renforce l’autorité des princes territoriaux face au pouvoir souverain de l’empereur ou du roi.