11 juin 2021
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Renaud Barbaras et al., « Patočka », Alter, ID : 10.4000/alter.1817
Patočka, comme Fink avant lui, renouvelle la phénoménologie en formulant le programme d’une cosmologie phénoménologique. L’enjeu est d’établir une théorie de l’apparaître qui distingue le domaine des individus apparaissants et le monde lui-même compris comme « champ phénoménal » irréductible à l’étant. Deux thèses sont ainsi posées simultanément : une thèse phénoménologique classique selon laquelle les individus sont en tant seulement qu’ils apparaissent ; une thèse beaucoup plus audacieuse selon laquelle l’apparaître des étants s’effectue par des processus d’individuation qui n'exigent pas en eux-mêmes le concours de la conscience. D’où le problème le plus important pour une cosmologie phénoménologique : comment penser la constitution du champ phénoménal sans contrevenir à l’a priori de la corrélation entre, d’une part, le monde et l’étant transcendant apparaissant sur son fond et, d’autre part, la conscience qui s’ouvre à lui ? Peut-il y avoir un apparaître des choses sur la scène du monde sans que cet apparaître ne soit nécessairement et directement adressé à une conscience comme à son destinataire ? Penser un apparaître anonyme en évitant le double écueil de l’idéalisme subjectiviste et du naturalisme où le monde serait réduit à sa teneur matérielle et physique, telle est l’audace à laquelle que nous invite la phénoménologie de Patočka.