12 décembre 2017
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Emmanuel Cattin et al., « Hans Jonas », Alter, ID : 10.4000/alter.272
Si la phénoménologie de Husserl considère la pulsion ou interroge le monde de la vie et si celle du jeune Heidegger se déploie initialement dans le cadre d’une herméneutique de la vie facticielle, Jonas prétend décrire le phénomène de la vie tel qu’il nous apparaît en prenant pour fil conducteur l’expérience de notre incarnation sans pour autant que l’horizon d’une telle description se réduise à la sphère de la subjectivité humaine. Dans une perspective proche de ce que l’on appelle plus récemment l’éco-phénoménologie, l’expérience de notre incarnation se voit en effet articulée à la considération de la vie dans toute l’extension de sa richesse phénoménale, y compris donc dans ses manifestations animales et végétales, et, plus largement, de la nature toute entière. Pour prendre la mesure d’une telle philosophie, il convient de commencer par en considérer les commencements et, en l’occurrence, le mouvement qui conduit Jonas de ses premiers travaux sur la Gnose jusqu’à l’élaboration d’une anthropologie – une anthropologie directement corrélée à une interrogation sur l’image et sur la technique moderne. L’éthique jonassienne de la responsabilité vise précisément à juguler le nihilisme dont l’hypertrophie technique est porteuse. Bien que cette éthique constitue le cœur de cette philosophie, l’ampleur de cette pensée tient encore à sa dimension spéculative que l’on ne saurait méconnaître.