30 janvier 2024
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Jim Sion, « Controverses sur la réappropriation à visée commerciale de savoirs ethnobotaniques « créoles » traditionnalisés », Appartenances & Altérités, ID : 10.4000/alterites.764
À La Réunion, la façon d’engendrer des profits économiques sur les connaissances relatives à la pratique des plantes médicinales porte à controverse. Cet article revient d’abord sur la trajectoire de ces savoirs. Il montre comment ces connaissances ont été mises en patrimoine et célébrées comme fer de lance d’une identité créole. Il décrit ensuite l’instauration d’une voie de développement économique autour de ces savoirs au début des années 2000. Celle-ci a pris la forme d’une filière agricole de production de plantes aromatiques et médicinales, principalement afin de produire des sachets de tisanes standardisés. L’article expose les récriminations qui ont émergé du fait que des acteur∙trice∙s, n'ayant jusqu’alors aucun intérêt pour ces savoirs, voire les ayant mis au pilori, s’en sont emparés d’une certaine façon en en faisant le commerce. La qualification de la situation, par des praticien∙ne∙s populaires, sous la forme d’une usurpation sur un registre accusatoire vient questionner la légitimité des acteur∙trice∙s semblant le plus bénéficier de ces évolutions. Qu’il s’agisse en aval de ladite filière avec les pharmacies, ou en amont avec les entreprises industrielles, il est apparu que des personnes jouissant d’un positionnement socio-racial avantageux se retrouvent au sommet des voies de valorisation économiques de ces savoirs. De fait, le chemin de développement entrepris vient conforter des inégalités structurelles et ouvre des débats pour trouver des perspectives économiques « justes ».