16 juillet 2020
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Malati Mathur, « The Sea as Metaphor in Alec Derwent Hope’s “Man Friday” and Christopher Brennan’s “Each Day I See the Long Ships Coming into Port” », Angles, ID : 10.4000/angles.1209
Aussi bien dans le poème « Vendredi » d’Alec Derwent Hope que dans « Chaque jour, je vois de longs navires accoster » de Christopher Brennan, la mer est chargée de significations multiples. De manière très différente, les deux poètes jouant avec les idées de voyage par mer, de l'exil, de l'isolement et du chez-soi. Le poème d'A.D. Hope commence au moment où Daniel Defoe termine son récit, reprenant l’histoire de Vendredi après qu’il a été emmené en Angleterre par Robinson Crusoé. La culture complètement étrangère que Vendredi rencontre exige un réajustement important de son compas mental et spirituel, et la mer coule comme un courant sous-jacent à travers tout le poème, même si elle n'est pas mentionnée dans des termes concrets. L'acceptation progressive du mode de vie qui lui est imposé, sa transformation (et sa résignation discrète) en un serviteur à la disposition de la classe supérieure et le mariage par la suite et la venue des enfants éloignent Vendredi de ses souvenirs et l'enferment dans un carcan artificiel. Un jour il accompagne son maître dans un port maritime et entend le grondement de l'océan après bien des années. Le chant de l’océan, le flot des souvenirs et la réaction de Vendredi à l’appel de la mer se cristallisent à la fin du poème. Le poème soulève des questions non seulement par rapport aux choix à effectuer, mais aussi par rapport à la « sauvagerie » contre la « civilisation » et à l’appropriation de pouvoir sur les vies. Il envisage la mer à la fois comme une barrière qui mène à l’exil que comme un giron protecteur. Y retourner signifie retrouver sa demeure. Le poème de Brennan peut être lu et interprété comme un texte qui traite du cœur même de l’expérience australienne — les vagues de migration venant des coins les plus reculés de la terre qui ont façonné de multiples façons la culture et l’ethos de ce continent. C’est la mer qui a permis aux migrants porteurs d’espoir d’être transportés ce qui est invoquée en termes de « purification », quelque chose qui a « fait disparaître les vieilles rancunes comme par magie. » C'est encore la mer qui leur a permis de voir la nouvelle terre avec un « regard frais ». Le poète veut aussi prendre le large non pas pour voir beaucoup de pays et des peuples, mais pour trouver un lieu de repos, tout comme les gens qui arrivent dans de longs navires à ce nouveau pays. A la différence du voyage de Vendredi en Angleterre, le voyage ne renvoie pas à l’exil dans ce poème, mais bien à un retour chez-soi, à une terre pleine de promesses et à de possibilités de bonheur et de paix.