9 juin 2021
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Ives Trevian, « The suffix -ee: history, productivity, frequency and violation of stress rules », Anglophonia, ID : 10.4000/anglophonia.3504
Selon Bauer (1983), Barker (1998), Plag (2003) et Mühleisen (2010), -ee est aujourd’hui un suffixe très productif qui ne se réduit plus à son rôle classique, dans la langue juridique, de suffixe de passivation mis en contraste avec le suffixe de nom d’agent -or (ex : bailor / bailee). De nombreux nouveaux mots sont censés avoir fait leur apparition au 20e siècle, au point que 163 entrées en -ee sont désormais consignées dans les dictionnaires en ligne du moteur de recherche OneLook (ex : American Heritage Dictionary, Cambridge Advanced Learner's Dictionary, Collins English Dictionary, Merriam Webster's Dictionary, Oxford Dictionaries, etc.). Certains noms formés avec ce suffixe ne sont désormais plus noms de patient mais noms d'agent (ex : escapee, returnee), parfois rivaux d’autres suffixes de nom d’agent (ex : signee = signer). De plus, outre les formations déverbales traditionnelles (ex : abductee), les formations dénominales et même déadjectivales (ex : asylee, presentee) sont désormais licites. Le but de cet article est (1) d’établir comment ce processus historique a vu le jour, autrement dit quand s’est produit le changement d’usage, de la langue juridique à d’autres domaines ; (2) d’examiner ce suffixe selon sa productivité morphologique, notamment de distinguer les noms entrés dans les dictionnaires des mots de circonstance, principalement usités comme contrastifs (ex : cutter / cuttee, jester / jestee) ; (3) de vérifier la fréquence d’usage des suffixés en -ee; pour ce faire nous avons confronté notre corpus au moteur de recherche de fréquence d’usage Google Books Ngram Viewer ainsi qu’aux Recorded Usage Charts du Collins Dictionary, le premier notant la fréquence de mots depuis le début du XVIe siècle, le dernier contenant des exemples de phrases datées) ; (4) de déterminer combien de suffixés en -ee violent la règle qui proscrit deux accents consécutifs au sein d’un même mot, cette violation étant, par principe, seulement licite dans les mots composés (ex : ˈbootˌlegger, ˈteenˌager) et les préfixés transparents (ˌreˈmake, ˌunˈthaw, verbes); une tentative de rendre compte de ces violations est proposée dans cet article, qui nous a inévitablement amené à nous interroger sur les effets de ce suffixe sur les règles de métricalité.