Les voyages reproductifs vers la Tunisie : l'intime au prisme des pratiques de l'assistance médicale à la procréation

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1 juillet 2023

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General Medicine


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Irene Maffi et al., « Les voyages reproductifs vers la Tunisie : l'intime au prisme des pratiques de l'assistance médicale à la procréation », Serveur académique Lausannois, ID : 10.4000/anneemaghreb.11589


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Bien qu’au Maghreb, et plus largement en Afrique, l’infertilité soit source de stigmatisation et de souffrances sociales et individuelles, nombreux sont les pays du continent encore dépourvus de cliniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) et de professionnel∙les de santé formé∙es en médecine de la reproduction. Cette situation s’explique par les coûts élevés des technologies utilisées, le manque de formation spécialisée et l’absence de politiques nationales et internationales visant à soutenir les couples infertiles en Afrique. Depuis quelques années, la Tunisie émerge comme un hub régional des soins reproductifs au Maghreb, et plus largement en Afrique francophone. Les services d’AMP y occupent une position commerciale stratégique dans la région, donnant cours à une pluralité de nouvelles mobilités reproductives. Les chercheures ont ainsi collecté les différents récits des couples infertiles se croisant au sein d’un centre d’AMP privé à Tunis. Dans cet article, nous exposerons les récits des couples en provenance des pays voisins à la Tunisie (Libye, Algérie), de l’Afrique sub-saharienne ainsi que les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) en provenance des différents pays d’émigration (Europe, Pays du Golfe). Les observations menées au sein du centre de fertilité, les échanges avec le personnel médical ainsi qu’avec les équipes de direction et de communication permettent d’appréhender les itinéraires reproductifs vers la Tunisie. L’article examine la problématique de l’infertilité au Maghreb, l’évolution des services privés d’AMP en Tunisie et la dimension de l’intimité au travers des enjeux, des stigmates et des normes genrées qui caractérisent les pratiques médicales dans ce domaine. Nos recherches démontrent notamment la persistance de certaines normes qui s’inscrivent dans un régime de genre plus ancien dans lequel les femmes sont les seules responsables de l’infertilité. Nous nous penchons également sur les paysages reproductifs au Maghreb, en nous intéressant à la fois aux itinéraires reproductifs et à la condition des couples infertiles rencontrés, en passant par les espaces dématérialisés (internet). Dans le domaine de la santé en général comme dans celui de l’infertilité en particulier, les espaces virtuels et l’existence de ces communautés en ligne revêtent un rôle prépondérant. Ils permettent en outre de préserver l’intimité et l’anonymat puisque les internautes touché∙es par l’infertilité peuvent échanger sur leurs expériences et exprimer leurs souffrances sans peur d’être stigmatisé∙es. La surreprésentation des femmes sur ces plateformes numériques est significative des normes genrées qui continuent à dominer la procréation dans les pays du Maghreb comme ailleurs. Tissés et articulés par les couples infertiles maghrébins et ouest africains rencontrés, les paysages reproductifs transnationaux analysés offrent une perspective originale pour aborder l’intime au Maghreb. Dans le contexte de l’AMP, l’intime se définit à la fois à travers les relations au sein du couple, des rapports avec la famille et les proches ; et d’autre part, dans la relation thérapeutique avec le personnel médical. Les itinéraires reproductifs empruntés invitent à décentrer le regard et à se focaliser sur d’autres types d’espaces de circulations depuis le Maghreb jusqu’à la rive sud du Sahara et même au-delà (pays européens et du Golfe où sont installés les TRE) ; à spatialiser les récits de couples en mouvement tout en se saisissant des transformations sociales mondialisées qu’elles caractérisent (biomobilités, bioéconomies, biotechnologies) ; et à appréhender le caractère sensible de ces récits qui portent une très forte charge émotionnelle. La matérialité des itinéraires reproductifs déployés (structures médicales, technologies, moyens de transports et de communications, etc.) s’entremêle à d’autres aspects immatériels intimement liés à la dimension affective du désir de procréer et de la souffrance morale et sociale face à son impossibilité. La stigmatisation sociale liée au recours à l’AMP cause l’invisibilisation de ces trajectoires transnationales. En conclusion, nos recherches ouvrent des chantiers concernant les nouvelles mobilités transnationales en santé reproductive ainsi que leurs implications morales, sociales, familiales et émotionnelles.

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