14 décembre 2020
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Isabelle Grangaud, « Les marmites du Bayt al-mâl d’Alger. Charité, pouvoir et droits d’appartenance à l’époque ottomane », L’Année du Maghreb, ID : 10.4000/anneemaghreb.6953
Cette enquête a été initiée par l’étonnement suscité par l’apparente incongruité d’un conséquent patrimoine en vaisselle de cuivre conservé par une institution algéroise préposée à la gestion des biens en déshérence (le Bayt al-mâl). Ses résultats éclairent les manières dont les marmites - et plus largement les ustensiles - préposées aux repas en commun étaient mobilisées pour faire société. Nous avons mis en lumière le fait qu’en plus de pouvoir former des patrimoines dédiés à une institution pieuse, les marmites pouvaient être ces institutions pieuses (auxquelles pouvaient être dévolues des biens consacrés à leur cause) ; et que l’usage pieux et charitable qui en était fait avait en lui-même force de droit, qu’il en fondait le statut juridique, ainsi que celui des corps sociaux qui se formaient autour de ces institutions pieuses. Cela nous a permis de restituer la charge civique des droits attachés à ces marmites dont les usages collectifs rendaient active la production de corps sociaux. Ces usages étaient en effet le lieu et l’objet des ralliements, des soumissions, des obligations réciproques ; ils organisaient les pouvoirs, les affiliations, les hiérarchies et les seuils d’insertions aux sein de ces corps sociaux. Ils étaient en somme des modes actifs de construction des droits d’appartenance à des communautés politiques.