The Ethics of Ethnographic Fieldwork in the Context of War against Migrants

Résumé Fr En

Dans cet article, à partir de mes travaux d’enquête auprès des migrants catégorisés illégaux dans les îles maltaises, il s’agira de poser le cadre contextuel de la « guerre contre les migrants » et les questions éthiques qui en découlent. De fait, considérer le contexte d’enquête comme celui d’une guerre larvée ou ouverte faite aux migrants amène notamment à ouvrir les débats suivants. Premièrement, celui de la nécessité d’une analyse longitudinale, par maillons enchevêtrés, des politiques publiques en matière de migration et de leurs effets sur les migrants, mais aussi sur le chercheur et ses modalités d’enquête. Deuxièmement, celui de la manière dont l’écriture ethnographique est mise au travail par le contexte de sécurisation des frontières de plus en plus explicite et violent : notamment les questions relatives aux prises de position publiques et au soupçon de non-scientificité pour raison de militantisme ainsi que celles des formes adéquates d’écriture, soulevant la problématique de l’autocensure.

Drawing on my fieldwork with migrants who have been designated “illegal” in the Maltese islands, I will discuss the contextual framework of the “war against migrants” and ethical issues resulting from it. Framing the investigative context as a latent or open war waged against migrants most notably leads me to revisit the following debates. First, the need for a longitudinal analysis of the entangled links between public policies on migration and their effects on migrants, which would also include an analysis of the researcher and fieldwork conditions. Secondly, the question of how this increasingly explicit and violent context of border militarization challenges ethnographic writing. I particularly address issues relative to public anthropology and accusations of being non-scientific due to militancy, as well as those surrounding adequate forms of writing and self-censorship.