7 février 2018
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Nassima Abdelghafour, « Randomized Controlled Experiments to End Poverty? », Anthropologie & développement, ID : 10.4000/anthropodev.611
L’expérimentation aléatoire ou essai randomisé contrôlé (ERC) est une méthode d’évaluation inspirée des essais cliniques, transposée à l’économie du développement au début des années 2000. Rapidement devenue populaire, cette méthode est promue comme « l’étalon-or » de l’évaluation d’impact. Cet article examine un des premiers ERC, évaluant l’impact sur l’absentéisme scolaire d’un traitement vermifuge administré aux élèves dans une région rurale du Kenya. À travers l’étude de ce cas, il s’agit de mettre en évidence les processus par lesquels les ERC s’imposent comme une pratique d’évaluation incontournable. En insistant sur la production de résultats statistiquement non biaisés, les économistes défendant les ERC disqualifient les autres méthodes d’évaluation d’impact, et accentuent l’importance d’isoler l’impact causal d’une intervention de l’effet d’autres facteurs. Le type de preuves produites par les ERC engage ainsi un mode d’organisation des pratiques de lutte contre la pauvreté fondé sur la mise en compétition des interventions. Enfin, l’analyse d’une controverse scientifique venant remettre en question les résultats de l’expérimentation ouvre une discussion sur les politiques fondées sur les données probantes (evidence-based policy). Le poids de ces dernières n’est pas dû à une claire séparation entre science et politique, mais précisément à la manière dont science et politique sont entremêlées.