« Traiter les corps comme des fagots » Production sociale de l’indifférence en contexte Ebola (Guinée)

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10 décembre 2015

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Le Marcis Frédéric, « « Traiter les corps comme des fagots » Production sociale de l’indifférence en contexte Ebola (Guinée) », Anthropologie & Santé, ID : 10.4000/anthropologiesante.1907


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Guéckédou, novembre 2014. Sur près de 350 tombes contenues dans le cimetière ouvert spécialement auprès du Centre de Traitement Ebola de MSF Belgique, environ 200 sont anonymes. Alors qu’un nouveau cimetière est ouvert en raison de la saturation du premier, et après huit mois d’enterrements anonymes des défunts, les tombes sont enfin identifiées et un dispositif de géolocalisation a été mis en place afin d’associer le domicile du défunt à sa sépulture. Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour mettre en place un tel dispositif ? A posteriori, les divers acteurs concernés, pour se justifier, invoquent l’urgence, le nombre important de corps à enterrer, l’absence de moyens, l’exemple de la crémation des corps au Liberia, la mobilisation exclusive en faveur des vivants. Quelles sont les logiques de production de cette indifférence à l’enterrement des défunts ? Au-delà des discours de justification invoquant l’urgence et l’exceptionnalité de l’épidémie d’Ebola, en quoi la question du traitement des morts éclaire-t-elle la crise morale et politique de la société guinéenne ? A l’épreuve qu’a constituée l’infection s’est ajoutée celle de l’impossibilité de funérailles adéquates par absence de corps. L’indifférence des élites à la question des funérailles produit finalement les conditions d’une autre épidémie à venir : une épidémie de malheur et d’infortune envoyée par des personnes décédées et non ancestralisées.

Gueckedu, November 2014. The cemetery next to the Ebola Treatment Unit run by the Belgian Section of MSF is full. Another cemetery on the outskirts of the city has just been inaugurated. Among the first cemetery’s 350 tombs, nearly 200 are anonymous. Since the opening of the new cemetery, tombs are allocated a number and a geolocalisation device has been set up to link the tomb to the deceased’s former house. Why did it take seven months to organize such a system? Reflecting back, in order to justify this event, the actors evoke the state of emergency, the number of bodies to bury, the lack of means, the example of cremation in Liberia or the mobilization for the living. Beyond such discourses of justification invoking the emergency and exceptional nature of the Ebola epidemic, what is the logic behind the production of such indifference to the burial of the dead? How does the question of the treatment of the dead highlight the moral and political crisis of the Guinean society? In addition to facing the disease, the population has also had to deal with the impossibility of organizing proper funerals, due to the absence of bodies. The socially constructed indifference to this question produces the conditions for another epidemic to come: an epidemic of misfortune and bad luck sent by the dead unable to become ancestors.

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