16 décembre 2021
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Philippe Comar, « Hercule et Omphale à l’époque de Darwin », Apparence(s), ID : 10.4000/apparences.2780
À partir de la seconde moitié du xixe siècle, l’avènement des théories évolutionnistes rend caduque l’idée même d’un canon des proportions du corps humain. Inscrit dans une chaîne évolutive, sujet à d’incessantes métamorphoses, le corps de l’homme n’a pas l’immutabilité qu’il semblait avoir. En 1893, Paul Richer, dessinateur attitré de Jean-Martin Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière, tente de refonder une règle de proportions sur des bases darwiniennes. Il souhaite faire de l’homme le plus fort, le plus apte à survivre, la nouvelle référence dans le domaine des arts visuels. Comme les théoriciens de l’âge classique, il discrédite le corps féminin et fait de l’athlète mâle le modèle du genre humain. Au même moment, en art, on assiste à une opposition de plus en plus caricaturale entre l’image de la femme au corps déformé, hystérique, et la figure de l’athlète masculin bien campé sur ses deux jambes. Toutefois, ce partage entre le pathologique et le normal, conçu comme l’expression du laid et du beau, réserve quelques surprises.