16 décembre 2021
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Damien Delille, « « Art ou kitsch ? » », Apparence(s), ID : 10.4000/apparences.2860
La culture physique perpétue l’activité sportive de développement musculaire héritée de l’Antiquité et redécouverte à la fin du xixe siècle pour régénérer la santé morale et physique de l’homme. Les premières revues de culturisme valorisent la construction d’une virilité musclée, mise en scène dans les photographies dont les modèles imitent les poses des statues antiques et peu à peu exposée sur les plages de l’été. Avant la Seconde Guerre mondiale, avec l’émergence de revues francophones ouvertement homosexuelles comme Der Kreis, puis après-guerre, avec Futur et Juventus, s’opère un détournement homoérotique de l’imagerie sportive, dont il s’agit d’étudier les mécanismes de vision. Deux modèles de masculinité s’opposent : d’une part, l’apologie d’un corps juvénile, en osmose avec la nature helvétique et de l’autre, la création d’un stéréotype du culturisme américain, offert au regard du lectorat homosexuel. L’analyse attentive de ces constructions visuelles permet d’envisager l’homoérotisme sportif comme la contestation et le renouvellement des normes de masculinité, à travers la transformation du corps des hommes en objet de désir et de plaisir.